Au Mexique, les femmes choisissent la violence. Dans ce pays où 4 000 femmes meurent assassinées chaque année, certaines s’organisent en Bloque Negro, des «Black Blocs» féministes de lutte contre le patriarcat.

Dans un reportage diffusé sur Arte passionnant, Manon Heurtel nous immerge dans le quotidien des Bloque Negro de Mexico. Des femmes meurtries et combattantes, qui racontent leur combat : « l’homme est une menace à combattre par les armes ».

Vêtues de noir de la tête aux pieds, pour montrer leur rage, cagoulées et organisées, ces nouvelles féministes du Bloque Negro exigent le respect des droits des femmes. La juriste Patricia Olamendi, juriste, qui a fait inscrire dans la loi mexicaine la notion de féminicide, soutien le mouvement. Selon elle, la situation actuelle exige des moyens radicaux de lutte. La génération précédente marchait en silence, celle-ci se lève, pille, casse et utilise la violence à son avantage.

La mobilisation est massive et inédite. Les réseaux sociaux permettent d’unifier les différents Bloque Negro, et de dénoncer cette situation intolérable. En 2019, près de 4 000 Mexicaines ont été assassinées, dont seulement 976 qualifiés de féminicides. 99% des meurtres de femmes restent impunis.

Un lieu pour s’organiser et pour lutter

Depuis 6 mois, ces femmes ont installé leur quartier général dans un édifice public de la Commission Nationale des Droits de l’Homme. Pris d’assaut, il est devenu un refuge pour des femmes victimes d’agression, venues de tout le Mexique. Surprotégé, aucun homme ne peut y rentrer.

Le bâtiment occupé devient un espace d’indépendance et d’autogestion, de vie communautaire. Fresques, cuisine partagée, mais aussi cours d’autodéfense permettent à ces femmes de reprendre confiance en elles, et de réaliser la force qu’elles ont pour se battre. Plusieurs fois par semaine, elles installent dans la rue un péage illégal pour récolter l’argent nécessaire aux frais de vie. Mais c’est aussi un moyen d’inspirer la terreur, et de retourner le rapport de force


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Un ennemi particulier, c’est la police. Dans un pays où la corruption et l’immobilisme politique sont monnaie courante, elles n’hésitent pas à attaquer les voitures de police stationnées dans le quartier. À la question de la peur d’être emprisonnées, toutes répondent : « on a plus de chance d’être tuée par un homme, que de finir en prison ».

Arte reportage, Mexique : Bloque Negro, la révolution féministe, 2021, Manon Heurtel et Michael Sztanke.
Photo de Une : Creative Commons