Il s’appelle Splann, il est bilingue français-breton, il est âgé de deux mois et c’est un petit nouveau dans le paysage médiatique français. Rencontre avec l’une de ses co-fondatrices, Juliette Cabaço Roger.

Splann se présente comme « la première association lanceuse d’enquêtes en Bretagne ». Fondé par plusieurs journalistes bénévoles de la région, il fonctionne comme son parrain et initiateur Disclose. Concrètement, il missionne et rémunère des journalistes chargé‧es de réaliser des enquêtes au long court. « Nous sommes producteurs d’enquêtes » résume Juliette Cabaço Roger.

Juliette Cabaço Roger, journaliste pour splann.
Juliette Cabaço Roger, journaliste pour Splann. Crédit photo : Juliette Cabaço Roger.

Le site internet de l’association diffuse les enquêtes. Ensuite, les médias partenaires peuvent les reprendre en accès libre, à l’échelle locale et par-delà les terres bretonnes. L’association cherche aussi à s’affranchir du modèle classique de la presse française : « nous n’avons pas toute la pression d’une structure économique traditionnelle. On se donne le temps et on publie lorsqu’il y a matière à publier ».

Indépendance et transparence

Dans son manifeste, Splann insiste : « parce que nous ne croyons pas à la course à l’information et que celle-ci représente un bien public, nos enquêtes seront financées par des dons de particuliers et de fondations philanthropiques ». En février dernier, le lancement d’une campagne de financement a permis de récolter plus de 30 000 euros. Juliette Cabaço Roger précise : « un unique don ne peut pas représenter plus de 10% du budget annuel de Splann ». Un comité de surveillance se charge de vérifier la provenance des fonds.


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Alerte journalistes en danger

Ces dernières semaines, l’affaire Morgan Large secoue les médias français et bretons. La journaliste radio, connue pour son travail sur le secteur de l’agro-industriel régional, a été la cible de pressions et d’actes de malveillance. Le 31 mars dernier, elle trouve l’une de ses roues de voiture déboulonnée.

Dans les jours qui suivent cette découverte glaçante, un rassemblement de soutien est organisé à Rostrenen (Côtes d’Amor). La peur des représailles commence à s’immiscer chez ses collèges. « Pour l’instant je n’ai pas de raison d’avoir peur personnellement mais dès lors que l’on s’expose en tant que journaliste, on risque de devenir la prochaine cible », explique Juliette Cabaço Roger.

La première enquête de Splann arrive bientôt, l’occasion de découvrir ce qui se cache derrière cette « carte postale de la Bretagne ».

Un entretien réalisé par Valentine Hullin. Photo de Une : Juliette Cabaço Roger.