Jeudi 27 septembre, Ugo Palheta, sociologue, était invité au Lieu-Dit pour une soirée de débats autour de son dernier ouvrage, La possibilité du fascisme. France : la trajectoire du désastre. Il défend l’idée qu’il est urgent de comprendre comment s’est formé le terreau sur lequel fleurissent les projets fascistes sur la scène politique, afin de pouvoir y faire face.

Depuis une vingtaine d’années déjà, la montée du Rassemblement National (ancien Front), et plus généralement la question du retour sur la scène politique française de discours nationalistes et d’un racisme affiché, ont fait revenir la notion de « fascisme » dans le débat. Ugo Palheta, sociologue, maître de conférences en Sciences de l’éducation à l’Université Lille 3, aborde ce retour dans son dernier ouvrage, « La possibilité du fascisme. France : la trajectoire du désastre »  paru aux Éditions La Découverte.

« Le fascisme existe déjà en tant que projet de régénération nationale par l’usage d’une violence endémique vis-à vis de tout ce qui fait conflit, de tout ce qui fait division […] du corps national-racial. »

Ugo Palheta pose l’hypothèse qu’il faut prendre au sérieux la résurgence de cette catégorie, et l’analyse sous ses différentes formes : en tant que projet politique visant la restauration nationale, en tant que forme d’organisation de certains groupuscules, en tant que processus historique de dégradation des conditions de vie d’où émergerait le rêve d’une unité nationale perdue, et en tant que régime politique à proprement parler. Distinguer ces différentes dimensions, et les utiliser pour comprendre les mouvements d’extrême droite en France, permet pour le sociologue de repousser l’idée que l’on serait face à une montée inédite, sans équivalent auparavant dans l’histoire de l’Europe.

Il resitue la montée du RN en tant que parti respectable, « vaisseau amiral » du fascisme français, venant par ce biais conforter les groupuscules au profil moins lissé, dans une histoire économique et politique, Ugo Palheta appelle à voir dans cette idéologie une véritable possibilité. Et ce serait aussi la responsabilité de certains secteurs de la gauche d’avoir ouvert un espace pour celle-ci, non seulement en refusant de saisir la trajectoire historique du fascisme en Europe, mais aussi en brouillant les lignes avec certains modes de communication propres à celui-ci.

L’ouvrage de Palheta est ainsi, avant tout, une tentative de voir comment le fascisme trouve aujourd’hui une place dans le champ politique institutionnel. Identifier ses conditions de possibilité, voir en quoi il est bel et bien présent, en tant que projet politique porté par des organisations et des personnalités politiques, c’est pour lui la première étape pour y résister.