“Pour nous c’est un recul de 70 ans en arrière”. Mercredi 3 octobre, des délégations de retraité·e·s se sont rassemblées sur la place de la République pour protester contre les mesures d’un gouvernement qu’ils et elles accusent de les appauvrir. Dans leur viseur, la future réforme des retraites prévue pour 2019, et son nouveau système de retraite à points.

Un système qui va à l’encontre de l’esprit de cotisation mis en place depuis 1945

Depuis 1945, la France a mis en place un système de retraites par répartition. Les cotisations des actif·ve·s paient les pensions des retraité·e·s, dans une logique de solidarité intergénérationnelle. A l’inverse, dans un régime de retraite à points comme en Italie ou en Suède, chaque actif·ve accumule un capital qui servira à payer sa propre retraite. Au moment de partir à la retraite, ces points sont convertis en pension dont le montant dépend de la durée de cotisation et de la “valeur du point”, déterminée par l’État.

Un système avec des faiblesses

Christian, retraité venu manifester place de la République relève un premier problème. La détermination de cette valeur est pour l’instant assez opaque et ne semble pas vouée à être particulièrement encadrée. “Les retraité·e·s vont servir de variable d’ajustement du budget” s’indigne-t’il. Martine, drapeau FSU au vent, s’inquiète pour celles et ceux qui auront des “accidents de parcours”. En effet, être au chômage pendant plusieurs années ou prendre un long congé pour élever ses enfants entraînera une baisse de sa retraite avec le nouveau système de points.

Un effort en plus pour des retraité·e·s déjà précarisé·e·s

En plus de cela, ce système vient s’ajouter à de nombreuses mesures ayant déjà appauvri les retraité·e·s comme la hausse de la CSG qui a diminué les pensions de 1.7% en 2018. Pensions dont le montant moyen est de 1 376 euros bruts. Bien en dessous du salaire moyen de 2 250 € et du salaire médian de 1 797 €. Ce montant est resté bloqué d’avril 2013 à octobre 2017 (exceptés les 0,1 % d’octobre 2015). En 2018, le montant des pensions est de nouveau bloqué puisque toute éventuelle revalorisation a été repoussée à janvier 2019, alors que les prix ont augmenté de 2,3 % lors des 12 derniers mois.

Dans de telles conditions, les retraité·e·s, précarisé·e·s, vont être poussé·e·s à travailler de plus en plus tard pour toucher une retraite décente. C’est déjà le cas en Suède où les actifs et les actives peuvent partir dès 61 ans mais où l’âge moyen auquel ils et elles prennent leur retraite était de plus de 65 ans en 2014, contre moins de 60 ans en France, selon l’OCDE.

Les collectifs de retraité·e·s organisent la riposte

Face à cela, les collectifs de retraité·e·s s’organisent. Un appel commun à descendre dans la rue lors de la manifestation interprofessionnelle du 9 octobre à Paris est lancé par les secteurs retraités de la CGT, FO et Solidaires. De plus, les neuf organisations de retraité-e-s (CGT, FO, CFTC, CGC, FSU, Solidaires, FGR-FP, LSR, Ensemble & Solidaires-UNRPA) présentes ce Mercredi 3 Octobre place de la république ont appelé à manifester le 18 Octobre dans tous les départements.