En 2020, les féminismes sont en mouvement. Ils bouillonnent. Les actions se multiplient, les stratégies se confrontent. Le mouvement Me Too relancé en 2017 est présenté en curseur d’un renouveau. Mais quel héritage permet ce nouvel élan ? Comment la lutte a-t-elle muté depuis ? Quels questionnements traversent les féminismes nouvelle génération ? On en discute avec Maria Candéa, spécialiste du langage.
Dire non à coups de hashtag, exposer la violence subie sur les murs de villes, s’armer, faire groupe, faire grève, transmettre, prendre la relève, accumuler les stigmates, négocier son genre, incarner la lutte dans sa chair, éviter les regards réducteurs et discriminants… En 2020, les féminismes c’est tout ça. Quelles images, quelles leçons, quels mots, quelles armes revêtent-ils aujourd’hui ?
Épisode 2 : Les mots sont des armes
Dans ce deuxième épisode de Genre aux poings, Sophie Peroy-Gay et Romane Salahun posent la question des pouvoirs du langage.
Comment le langage participe-t-il à la représentation des luttes féministes ? En quoi l’écriture inclusive peut-elle transformer la société ? Pourquoi « féminicide » et « autrice » font-ils l’objet de tant de crispations ? Parce que le français véhicule des messages, il projette aussi des représentations du réel et formate notre pensée. Les enjeux féministes sont nombreux : débats incessants sur l’écriture inclusive, vocabulaire médiatique inadéquat, blagues sexistes qui ne s’arrêtent pas. La langue évolue constamment de génération en génération, et les institutions jouent un rôle important dans sa diffusion et sa normalisation. Pour autant les groupes militants et les pratiques individuelles peuvent contribuer à modifier la langue.
Maria Candéa, spécialiste du langage et directrice du département de Langue et littérature française à l’université Sorbonne Nouvelle, nous explique donc comment le français véhicule des messages et des représentations du réel. Elle vient de publier un livre, en collaboration avec Laélia Veron, intitulé Le français est à nous, petit manuel d’émancipation linguistique. L’occasion de réfléchir à l’inventivité dont tous et toutes font preuve aujourd’hui pour que la langue orale et écrite participent aux luttes féministes.
Premier épisode : La violence des femmes avec Audrey Chenu.
Un entretien réalisé par Sophie Peroy-Gay. Photo de Une : Lisa Giroldini.
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