« On se lève et on se casse. » Pour sa saison 2, Genre aux poings se consacre aux féminismes de 2021 et à leur bouillonnement. Quelles stratégies coexistent contre la domination patriarcale ? Quelle force et quels moyens sont mobilisés pour se battre ? Cette semaine, Ilana Eloit interroge les liens étroits entre lesbianisme et féminisme.


De réflexions théoriques en récits d’activistes, Genre aux poings vous propose un tour d’horizon en dix épisodes des stratégies de lutte contre la domination patriarcale. Au micro de Radio Parleur, nos invitées tissent chacune un pan de ce combat pluriel, en une grosse trentaine de minutes. Leur point commun à toutes ? Elles ont depuis longtemps passé les étapes de la prise de conscience et celle de la libération de la parole. Elles s’opposent maintenant aux inégalités de genre, radicalement, chacune sur son terrain.

Épisode 8 : Le féminisme lesbien, avec Ilana Eloit

Depuis les années 70, les mouvements féministes français composent avec les mouvements lesbiens. Les tensions entre le Mouvement de Libération des Femmes (MLF) et les Gouines Rouges se sont accentuées au fil du temps. En 1976, Monique Wittig, écrivaine et théoricienne du lesbianisme politique quitte la France, tant les différences idéologiques sont fortes. Pour le MLF, la revendication féministe concerne la figure de “la femme”. Mais, les lesbiennes souhaitent se détacher de la définition de la femme, toujours inscrite dans des relations hétérosexuelles.


Écoutez l’épisode 7 : Rire du patriarcat, avec Noémie de Lattre


Ilana Eloit est sociologue et historienne, titulaire d’un doctorat en études de genre. Elle a soutenu sa thèse sur la politisation du lesbianisme dans le mouvement de libération des femmes dans les années 70. Depuis, elle publie articles et réflexions autour des mouvements lesbiens et des luttes politiques. Elle nous raconte donc comment, dans les années 80, le féminisme universaliste français a provoqué une réflexion sur la place des lesbiennes dans les mouvements féministes.

Aujourd’hui, force est de constater que les idées et théories de Monique Wittig ont survécu. Les lesbiennes tiennent toujours une place importante au sein des mouvements féministes, et l’idée de questionner l’hétérosexualité en tant que régime politique oppressif a fait son chemin. Désormais, Céline Sciamma, Adèle Haenel, ou Pomme participent à la visibilisation des lesbiennes. Selon Ilana Eloit, « la représentation culturelle est très importante ». Ces actrices et chanteuses permettent donc aux lesbiennes de sortir de l’ombre.

La playlist de la saison 2 :

Un entretien réalisé par Sophie Peroy-Gay. Produit par : Romane Salahun, Sophie Peroy-Gay. Photo de Une : Ilana Eloit. Mixage et générique : Étienne Gratianette et Romane Salahun.