Entre reconfinement et assassinat de Samuel Paty, la rentrée est éprouvante pour les professeurs et leurs élèves. Une semaine après le retour en classe, les mouvement sociaux se multiplient. Une « grève sanitaire » est annoncée pour mardi 10 novembre. Devant la contestation, le ministère a dû lâcher du lest. Les lycéen·nes ne suivront plus qu’une partie des cours en présentiel, dans leur établissement. Une mesure désormais réclamée par les collèges.

En Île-de-France, mais aussi à Nantes, Toulouse, Saint-Nazaire ou encore Besançon, la rentrée du 2 novembre dernier a été marquée par de fortes mobilisations. Partout les mêmes scènes : des lycéen·nes tenter de bloquer leurs établissements pour protester contre un protocole sanitaire inadapté. Dans la plupart des cas, ces contestations sont fortement réprimées par des forces de police rapidement envoyées sur place.

En premier lieu, les élèves et leurs soutiens mettent en cause la distanciation physique, impossible à respecter en dépit des recommandation. Le passage a la cantine, un moment de brassage intense entre les élèves, est un autre point de tension. Il a également fait l’objet de mesures … qui ne font pas toujours l’unanimité auprès des élèves. À cause des restrictions sanitaires, «on a quasiment pas le temps de manger pendant la pause déjeuner» raconte Gabrielle, collégienne dans le 18ème arrondissement de Paris. Le risque est cependant dans toutes les têtes : s’exposer au virus et le transmettre à leurs proches confiné·es.


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Des difficultés dénoncées de longue date et amplifiées par la crise sanitaire

Du côté des enseignant·es aussi, la mobilisation s’organise. Les difficultés auxquelles ils font face, déjà dénoncées en temps normal, sont aggravées par la situation sanitaire. Le nombre d’élèves dans les classes est par exemple dans leur viseur. Fabrice est professeur d’Histoire-Géographie au collège Marais de Villiers à Montreuil. Il raconte l’insuffisance des mesures prises pour endiguer la propagation du virus dans son établissement. « Il n’y a pas de distanciation physique dans les classes, donc on n’a pas la place de les écarter. Les couloirs sont étroits, nos élèves ne peuvent pas circuler lors des intercours sans entrer en contact

Rassemblement à Bobigny des enseignant⋅es de Seine-Saint-Denis mobilisé⋅es pour meilleur protocole sanitaire, le 5 novembre 2020. Photographie : Pierre-Olivier Chaput pour Radio Parleur
Rassemblement à Bobigny des enseignant⋅es de Seine-Saint-Denis mobilisé⋅es pour un meilleur protocole sanitaire, le 5 novembre 2020. Photographie : Pierre-Olivier Chaput pour Radio Parleur

Pourtant, professeurs, personnels pédagogiques et administratifs se refusent à voir de nouveau les portes des établissements fermées, même au pic de la crise sanitaire. Et pour cause : durant le premier confinement, la continuité pédagogique mise en place pour pallier la fermeture des établissements s’est révélée insuffisante.

Le dédoublement des classes dans tous les établissements, une solution ?

Ce Jeudi 5 novembre, un rassemblement de professeurs de Seine-Saint-Denis mobilisé·es avait lieu à Bobigny (93). Les revendications portent sur des mesures plus ambitieuses : dédoublement des classes, échelonnement des récréations et embauche de davantage de personnel encadrant. Plusieurs représentant·es du collège Auguste Delaune sont présent·es au rassemblement pour témoigner de leur expérience. En effet, dans cet établissement, grâce aux parents fortement investi·es aux côtés de l’équipe éducative, le roulement par demi-groupes est déjà en place. « Nous avons adopté un dispositif local validé par le chef d’établissent qui est une instance souveraine. Nous nous appuyons sur l’aménagement des emplois du temps permis par le protocole renforcé, qui pourrait avoir valeur de circulaire » explique l’une des professeurs de ce collège situé en zone prioritaire.

Rassemblement à Bobigny des enseignant⋅es de Seine-Saint-Denis mobilisé⋅es pour meilleur protocole sanitaire, le 5 novembre 2020. Photographie : Pierre-Olivier Chaput pour Radio Parleur
Rassemblement à Bobigny des enseignant⋅es de Seine-Saint-Denis, le 5 novembre 2020. En plus des mouvements de grève, des personnels de l’Éducation Nationale ont aussi choisi d’exercer leur droit de retrait pour dénoncer la situation sanitaire. Photographie : Pierre-Olivier Chaput pour Radio Parleur

Aissatou, est élève au lycée Maurice Utrillo de Stains. Sans attendre les recommandations du ministère, son établissement a adopté un système d’alternance entre élèves pour continuer de fonctionner en effectif réduit. Mais elle craint aussi l’inefficacité du suivi à distance : « malgré l’implication des professeurs, je n’ai pas du tout réussi à travailler lors du confinement dernier».

Ce lundi, le ministère de l’Éducation Nationale a finalement accordée dédoublement des classes dans les lycées. Une mesure qui permet de continuer faire cours en effectif réduit et donc de limiter les risques de propagation. Elle est maintenant réclamée par les collèges, qui rencontrent les mêmes difficultés pour maintenir un protocole sanitaire efficace.

Une journée d’action nationale mardi 10 novembre

Une nouvelle journée de mobilisation, nationale et intersyndicale cette fois, est prévue ce  mardi 10 novembre. Elle a pour mot d’ordre « la grève sanitaire » pour pouvoir assurer l’ouverture des établissements scolaires pendant la crise sanitaire, dans des conditions qui assurent la sécurité de tou·tes.

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Un reportage réalisé par Sarah Belhadi et Pierre-Olivier Chaput. Photographie de Une : Pierre-Olivier Chaput.

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