Françoise Vergès publie aux éditions La Fabrique un essai intitulé Une théorie féministe de la violence, pour une politique antiraciste de la protection. Penseuse féministe et antiraciste, présidente de l’association Décoloniser les arts, elle s’adresse dans cet ouvrage aux féminismes universalistes occidentaux et dénonce leur complicité avec les violences d’État.

Mêlant antiracisme et féminisme, cet essai se revendique de l’intersectionnalité. Il pense en effet, ensemble, les oppressions de race, de classe, de genre. La force de l’ouvrage se trouve dans l’articulation entre théories féministes et postcoloniales. « Si la violence coloniale a autrefois permis l’acquisition rapide de richesses, le capitalisme gore en a fait une stratégie globale », écrit Françoise Vergès.


Soutenez notre journalisme ! Radio Parleur lance sa campagne de don pour rassembler 20 000€ et continuer à créer des podcasts sur les luttes sociales.


Françoise Vergès
Le nouvel essai de Françoise Vergès, publié le 6 novembre 2020 aux éditions La Fabrique.

Dressant un panorama des violences conte, l’autrice élabore alors une critique du système policier et judiciaire. Au lieu de protéger, les sociétés actuelles reproduisent, pour elle, des schémas violents à l’égard de certaines populations. Le féminisme universaliste, carcéral et abolitionniste est par exemple complice de la perpétuation des violences patriarcales. Parce que l’on cherche à neutraliser certaines catégories d’hommes, souvent racisés, on s’empêche d’interroger les structures qui fabriquent la violence.

Qui a droit à une protection ?

Les politiques occidentales actuelles sont donc reproductrices de violences, sous un vernis protecteur d’obsession punitive. « Si le néolibéralisme accuse l’individu de son échec, le néofascisme cherche un bouc émissaire. Mais les deux idéologies se croisent autour de déni du rôle de la violence institutionnelle, de l’État et du capitalisme ». Surtout, le droit à la protection ne s’applique pas pour certaines catégories de populations. « Il suffit de se figurer l’écart infranchissable entre, d’une part, l’inflation des discours sur la protection des femmes et des plus vulnérables, et, d’autre part, les mesures et les lois qui accroissent brutalement la précarité et la violence institutionnelle. Ces contrastes tracent une frontière entre qui doit et peut être protégée et qui ne peut l’être ou ne doit pas l’être ».

Françoise Vergès, Une théorie féministe de la violence, pour une politique antiraciste de la protection, Éditions La Fabrique

Musique : Tracy Chapman, Talkin’ Bout a Revolution

Un entretien par Sophie Peroy-Gay, Photo de Une : Nicolas Lo Calzo.

  1. 10
  2. 0
  3. 3

La production de ce sujet a nécessité :

Heures de travail
€ de frais engagés
membres de la Team
Parleur sur le pont

L’info indépendante a un coût, soutenez-nous