Une radio libre, créée à l’annonce du reconfinement, le 28 octobre dernier ? C’est Radio Pirate, qui diffuse chaque soir sur Twitch et Youtube de 21h à 22h ! L’expérience rassemble des personnes d’horizons divers autour d’un objectif simple, mais ambitieux : se sentir moins seul·es pour ce confinement.

Chaque soir, c’est le branle-bas de combat dans le navire de la Radio Pirate : Discord, plateforme de discussion qui rassemble quasi 70 personnes autour de ce projet un peu fou, s’anime et se prépare à la diffusion. Le lundi c’est travail et monde syndical, le samedi féminisme, et le jeudi courrier du cœur. Les auditeurices sont invité·es à envoyer leurs douces missives. Les pirates abordent d’autres thèmes : occupations au temps du confinement, santé mentale, solidarité …

Pauline Moszkowski-Ouargli, journaliste pour Radio Parleur aussi, est à l’origine du projet. Épaulée par un équipage soudé, elle mène la barque et insiste sur l’aspect collectif de cette aventure. Charles Salmacis, l’un des matelots de Radio Pirate, raconte les débuts de la navigation : « L’idée, c’était de faire une radio qui piratait le confinement, c’est-à-dire qui pouvait le subvertir, dans tout ce que ça pouvait impliquer d’isolement social et de frayeur face au climat politique qui l’entoure. Devant notre expérience du premier confinement, je pense qu’on voulait surtout créer une camaraderie, qui fasse office de lien social dans une période qui a pour effet d’entraver les mobilisations et leur diffusion. »


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Car c’est aussi une aventure militante que de redonner du sens à des luttes politiques, difficiles à poursuivre en confinement. « Avec Radio Pirate, c’est l’occasion de proposer autre chose. Aller au-delà de l’isolement en proposant une voix amie, un rendez-vous fixe, chaque soir à 21h, qui puisse faire du bien. À la fois dans notre sentiment individuel face au confinement, mais aussi politiquement », renchérit Charles. Elle ajoute : « on est beaucoup de meufs, de personnes queer et racisées, des militant·es, des personnes syndiquées. Je pense que ça se reflète dans la diversité de ce qu’on propose. On est pas des professionnel·les de la radio, par contre on est sûr·es d’une chose, c’est qu’on est une radio libre et radicale. L’agir ensemble, on y tient, confinement ou non. »

Une radio, mais aussi une aventure collective

Et puis à 21h, la magie opère : sur la plateforme de streaming Twitch et sur Youtube, l’émission se lance. Les couacs techniques arrivent, car les pirates ne sont « vraiment pas des pro de la radio, parfois il y a des ratés. Mais je crois vraiment que c’est aussi ce qui fait le charme d’une radio pirate. » Le but ? Que des gens ne se sentant pas légitimes à parler dans un micro se lancent. Les diffusions rassemblent environ 200 personnes chaque soir et les épisodes sont disponibles en podcast dès le lendemain.

Pour celleux qui ont rejoint l’aventure, c’est l’occasion de se former : « Quand on dit qu’on est une radio libre, ça ne veut pas dire qu’on fait n’importe quoi, mais qu’on met l’accent sur l’autonomie, l’auto-formation et l’autogestion dans nos outils politiques et organisationnels. Il y a des mandats tournants chaque semaine pour les rôles importants. Les responsabilités tournent, et ça nous permet de nous former sur toutes les étapes de l’émission », explique Charles.

Radio Pirate, chaque soir de 21h à 22h, sur Youtube et Twitch.