Lancer de grenade

La grenade GM2L, remplaçante de la GLI-F4, est-elle moins dangereuse ? 

Lors de la manifestation du 5 décembre contre la loi sécurité globale, les forces de police ont eu recours massivement à la GM2L. Cette grenade remplace officiellement la GLI-F4 depuis le 27 janvier 2020. Présentée comme moins dangereuse par le gouvernement, elle est à l’origine de nombreuses blessures  : perte d’audition, main arrachée, éclat de grenade sous la peau…

Lors de la manifestation du 5 décembre, à Paris, un manifestant est grièvement blessé à la main. Plusieurs doigts, ainsi qu’une partie de la paume sont arrachés dans une explosion. Sur les réseaux sociaux, la rumeur court : il s’agirait d’une blessure causée par la grenade GM2L, la remplaçante de la GLI-F4. Si cette grenade est présentée comme moins dangereuse par le ministère de l’Intérieur, elle est déjà à l’origine de nombreuses blessures du côté des manifestant·es. 

« C’est paradoxal, on est face à une violence sans nom et on nous enlève nos moyens de défense » déplore Johann Cavallero, délégué syndical Alliance-CRS. Selon lui, cette grenade, qui remplace de la très controversée GLI-F4 est « moins dangereuse ». Un argument repris par le gouvernement : « J’ai pris la décision de retirer les grenades GLI-F4, qui ont comme défaut de contenir de l’explosif » annonçait le 27 janvier dernier Christophe Castaner, alors ministre de l’Intérieur. A l’époque, l’annonce ne surprend pas les spécialistes, puisque l’entreprise française Alsetex ne produit plus de GLI-F4  depuis 2014. Il fallait lui trouver une remplaçante : c’est la GM2L, fabriquée dans les mêmes usines. 

GM2L
La grenade GM2L et ses composantes, illustrée par Ian, du collectif Désarmons-les.

Une détonation de 160 décibels

Le 28 janvier dernier, cette nouvelle grenade faisait déjà parler d’elle lors d’une manifestation  organiser par les Sapeurs Pompiers. Ce jour là, elle est mise en cause dans plusieurs cas de blessures. C’est l’avis du journaliste Brice Ivanovic. Habitué à couvrir les mouvements sociaux depuis les balbutiements des Gilets Jaunes, il témoigne : « Une grenade GM2L a explosé à un mètre de moi. J’ai directement eu les tympans qui ont sifflé et je suis tombé au sol. » 

Avec une puissance de 160 décibels, soit 40 décibels au-dessus du seuil de la douleur, la GM2L a un effet étourdissant. « Lors de mon arrivée à l’hôpital, un audiogramme a révélé que j’avais perdu entre 15 et 20 décibels d’audition. Les pires symptômes sont apparus au bout de 48 heures. C’était impossible de monter dans une voiture sans avoir l’impression d’être dans un bateau » confie le journaliste.  

Lors de cette manifestation, un autre journaliste est blessé : Taha Gueffaf, photoreporter indépendant.  Le jeune homme est touché à la jambe par une grenade GM2L qui explose à moins de deux mètres de lui. « J’ai été pris en charge par des street-médics qui ont été inquiets de constater la présence de quelque chose de très dur sous ma peau, » explique le journaliste. Taha Gueffaf finit par être amené à l’hôpital. Une radio révèle la présence d’un morceau de grenade nichée sous sa peau. D’une taille de 3,5 cm, l’éclat l’empêchera de marcher pendant trois semaines. 


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Une composition opaque

Ian B, du collectif Désarmons-les, dénonce le manque d’informations sur la composition de ces grenades : « il y a une volonté très claire de ne pas communiquer de manière transparente sur ces armements. »

Le journaliste et photographe Maxime Reynié, est spécialiste des techniques de maintien de l’ordre en France. Sur le site maintiendelordre.fr, il répertorie les armes utilisées par les forces de l’ordre en France. Depuis l’apparition de la GM2L en avril 2018, il cherche à en savoir plus sur sa composition. Notamment, il veut savoir si elle contient de l’explosif. « Il y a 43 grammes de matière pyrotechnique, mais on ne sait pas vraiment ce que c’est. Certains affirment qu’il s’agit d’hexocire, c’est-à-dire un explosif, d’autres affirment qu’il s’agit de poudre noire. Alors oui, c’est peut être pas de l’explosif donc en termes de communication c’est mieux, mais la dangerosité est là. »

Un reportage d’Auriane Duroch et Tristan Goldbronn. Photo de Une : Sylvain Lefeuvre pour Radio Parleur.

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