Jusqu’au 15 novembre, la campagne de dons du Fonds pour une Presse Libre bat son plein. Une occasion de soutenir les médias indépendants, dans un paysage d’une presse détenue par quelques grands groupes. Radio Parleur en était lauréat en 2021.

Le 6 juillet 2021, le projet de Radio Parleur fait partie de la 2ème promotion des lauréats du Fonds pour une Presse Libre, aux côtés du média normand d’investigation Le Poulpe, et de Disclose. Ce sont 17 000 € qui permettront de concrétiser notre projet de rémunérer ses pigistes, à raison d’un reportage par semaine pendant un an.

Un objectif doublement ambitieux

Ce soutien aux projets des médias indépendants, c’est la vocation d’une initiative inédite en France. En 2019, Médiapart décide de protéger son capital de tout potentiel rachat. A l’initiative des salarié·es et fondateur·ices le Fonds pour une Presse Libre est alors créé. Il est propriétaire du capital du média, sanctuarisant celui-ci pour une durée illimitée. Mais la mission du fonds de dotation ne s’arrête pas là.

Si Médiapart en est à l’initiative, « il n’existe aucun lien de dépendance entre le journal et le FPL » affirme Charlotte Clavreul, directrice et unique salariée du fonds. « Nous sommes indépendants dans notre action et dans notre budget. Médiapart ne peut pas bénéficier des dons faits au FPL, mais est en revanche tenu de contribuer au fonds. »

L’action en question : soutenir des projets de médias indépendants en leur apportant une aide financière et des conseils. « Ce sont des projets présentés par des médias pour lesquels il y a une transparence totale sur leur actionnariat, mais aussi sur la manière dont est structurée le journal » explique Charlotte Clavreul. « Et la plus-value du FPL est d’avoir des experts aux profils différents, permettant une expertise variée sur les sujets proposés. » Une initiative qui détonne dans le paysage médiatique français.  

En 2021, les trois milliardaires Bernard Arnault, Vincent Bolloré et Martin Bouygues (de g. à d.) contrôlent les principaux médias français. Illustration : Fonds pour une Presse Libre.

Un contexte de concentration capitalistique, peu propice aux médias indépendants

En effet, la création de ce fond intervient dans un contexte de concentration des médias dans les mains de quelques milliardaires – voir la carte Médias français, qui possède quoi du Monde diplomatique. Derniers éclats en date, l’arrivée de Vincent Bolloré comme principal décisionnaire à Europe 1 le 30 juin 2021. Ou encore le projet de fusion de M6/RTL et de TF1, respectivement propriétés des groupes RTL et Bouygues. Celui-ci doit encore être validé par le CSA et l’Autorité de la concurrence.

Concernant Bolloré, l’ONG Reporters Sans Frontières publiait ainsi jeudi 14 octobre le documentaire Le Système B (16 minutes). En accès libre, il documente les méthodes brutales du milliardaire pour étendre son empire médiatique, entre censure, procès systématiques et pression sur les journalistes.


Sur le même thème, écoutez notre reportage : Concentration des médias, la mainmise de Bolloré sur Europe 1


Dans ce contexte, les médias indépendants se retrouvent donc bien isolés. Le Fonds pour une Presse Libre fait figure d’exception. « Il faut rendre ses lettres de noblesse à cette presse qui est un des piliers de notre démocratie » s’émeut Charlotte Clavreul. « La question est vraiment : qu’est ce qu’on fait de la qualité de l’information et de la construction de cette info ? De plus en plus des médias ne prennent pas le temps, car c’est la course à l’info en chaîne. Et des médias indépendants qui aimeraient prendre ce temps pour traiter de vrais sujets de fonds ne peuvent faire le travail comme ils le veulent. »

Pour un pluralisme de l’opinion, un journalisme de qualité, une démocratie plus solide : soutenez la campagne du Fonds pour une Presse Libre en donnant jusqu’au 15 novembre sur KissKissBankBank (dons défiscalisés à hauteur de 66%).

Un article de Martin Duffaut. Photo de Une : Fonds pour une Presse Libre.