Après Canal+ et CNews, Vincent Bolloré veut ajouter Europe 1 à son tableau de chasse. Mercredi 30 juin, l’homme d’affaire est officiellement entré au conseil d’administration d’Europe 1, enlevant du même coup les pleins pouvoirs à Arnaud Lagardère. Pour résister à cette mainmise, des salarié‧es se sont mis‧es en grève pendant cinq jours. De quoi questionner la concentration des médias en France.

« Un actionnaire, ça ne doit surtout pas entrer dans une salle de rédaction », affirme Matthieu Bock. Journaliste chez Europe 1 depuis plus de 15 ans, il est aussi le vice-président de la Société Des Rédacteurs (SDR). Mercredi 30 juin, il a rejoint plusieurs dizaines de ses collègues au 2 rue des Cévennes, devant les bureaux de la radio, pour protester contre la mainmise de Vincent Bolloré sur le média. La grève entamée le 18 juin n’a duré que 5 jours, mais la lutte se poursuit.

Alerter l’extérieur sur le management dans l’entreprise

La fronde commence avec le licenciement du journaliste Bertrand Chameroy à cause d’une chronique. Il y fait une critique à peine voilée de l’influence grandissante de Vincent Bolloré dans l’entreprise. Mais ce n’est qu’un exemple parmi d’autres de l’ambiance de la radio. Celle-ci ne cesse de se dégrader : censure, changement de la grille des programmes, départs ou arrivées précipités et management agressif. Transformer Europe 1 en « radio CNews » ne se fait pas sans douleur. Surtout quand on n’a pas demandé son avis aux salarié‧es, dénoncent les grévistes.

Bolloré Europe 1
Plus de 200 personnes se sont rassemblées devant Europe 1 pour protester contre l’influence grandissante de V. Bolloré. Photo : Alizée C. pour Radio Parleur

Et cette influence du milliardaire ne peut que s’accentuer. Le 30 juin, en parallèle du rassemblement, Arnaud Lagardère a officiellement mis fin à la structure en commandite de son groupe. En théorie, cela signifie qu’il conserve le monopole du pouvoir décisionnaire, malrgé un statut d’actionnaire minoritaire (environ 7%). Dans les faits, Vincent Bolloré entre au conseil d’administration en tant qu’actionnaire majoritaire, puisque son groupe, Vivendi, détient 28% du capital.

Une concentration des médias français qui inquiète

Cette mainmise du milliardaire breton représente un pas de plus vers la concentration des médias. Le milliardaire a déjà racheté Canal+, Prisma Media et transformé I-Télé en CNews. Au même moment, TF1 passe sous la coupe du groupe M6. De quoi interroger la diversité médiatique en France et inquiéter la journaliste Pascale Clark, déjà évincée d’Europe 1 : « Cette concentration concerne l’avenir de cette radio, l’avenir des médias et au-delà encore, ça concerne ce pays tout entier. Politiquement et démocratiquement, c’est très, très inquiétant. »

Dans ce podcast, nous recueillons les témoignages d’ancien‧nes ou actuel‧les salarié‧es d’Europe 1. Tous et toutes nous expliquent comment ils et elles vivent la situation de l’intérieur. Des paroles complétées par les analyses de spécialistes des médias, tels que Julia Cagé, professeure à Science Po Paris, Samuel Gontier, journaliste média chez Télérama ou encore Isabelle Roberts, journaliste chez Les Jours.

Un reportage d’Alizée Chebboub. Photo de Une : Alizée Chebboub pour Radio Parleur.

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