Albert Ogien est sociologue et directeur de recherche émérite au CNRS. Ces dernières années il a publié de nombreux ouvrages sur la désobéissance en démocratie, avec la philosophe Sandra Laugier. Dans Politique de l’activisme, il analyse l’influence sur le jeu politique des mouvements qui veulent « rendre la politique aux citoyens ». Il livre pour Radio Parleur son analyse sur les formes de l’activisme écologique. Une parole mise en dialogue, dans ce podcast, avec des manifestant‧es interrogé‧es lors des marches pour le climat de mars 2021.

Albert Ogien, sociologue de la déviance et de la désobéissance en démocratie.

Dimanche 9 mai 2021, entre 47 000 et 115 000 personnes ont défilé dans les grandes villes de France pour dénoncer un projet de loi « Climat et résilience » qui sonne creux. Présentée comme le grand texte écolo du quinquennat Macron, il est pourtant est largement critiqué. On lui reproche ainsi de vider de leur substance les propositions de la Convention Citoyenne pour le Climat. Emmanuel Macron avait pourtant annoncé vouloir« appliquer sans filtre » le texte de la CCC.


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Cette nouvelle marche Climat s’inscrit dans la lignée de nombreuses autres, organisées depuis 2018. Les dernières, ces 19 et 28 mars, avaient également mobilisé plusieurs milliers de manifestant‧es. Une stratégie militante qui peine parfois à convaincre, au sein même du mouvement climat. On y pointe l’absence de renouvellement des imaginaires de lutte. À l’image de la journaliste Jade Lindgaard, qui s’interrogeait le 10 mai : « Rassembler une foule suffit-il à créer un mouvement social ? Peut-on crever l’inertie institutionnelle sans établir de rapport de force ? »

Albert Ogien met lui aussi en avant l’enjeu pour l’activisme écologique à ne pas s’essouffler. Les mobilisations autour de la loi Climat sont « perçues comme politiques » et non plus comme existentielles. Le risque est donc de perdre à la fois les écolos du dimanche, mais également les militant‧es plus radicaux, pas convaincu‧es par cette entrée en politique. Confronté à la parole de manifestant‧es interrogé‧es lors des dernières marches climat, le sociologue esquisse les enjeux actuels d’un militantisme écolo en redéfinition.

Entretiens réalisés par Martin Duffaut. Photo de Une : Nabil Izdar.