Depuis le début de la crise sanitaire, on entend souvent que le moral des français et des françaises est en berne. Mais, en fait, quel est ce « moral » dont on parle ? Qu’est-ce que l’on entend par « bien-être » ? Ces indicateurs un peu flous révèlent en fait des enjeux sociaux et politiques. C’est le thème de Penser les luttes cette semaine.

Nos invité‧es :

  • Romain Huet, maitre de conférence à l’université Rennes-2. Il  publie De si violentes fatigues, les devenirs politiques de l’épuisement quotidien aux éditions PUF.  
  • Lise Bourdeau-Lepage, professeure des universités en géographie à l’université Lyon-3, et docteur en économie. Elle a publié en 2020 Évaluer le bien-être sur un territoire aux éditions VAA Conseil, ainsi qu’une étude menée sur le premier confinement et ses effets sur le quotidien.

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Déprime saisonnière depuis plus d’un an, angoisse d’une pandémie qui n’en finit pas de recommencer : le moral des français‧es est loin d’être au beau fixe. Alors dans Penser les luttes cette semaine, on étudie à la loupe l’état psychologique de nos concitoyen‧nes. Comment se porte, depuis un an, le moral des français‧es ? Est-ce que le bien-être peut-être mesuré et étudié ? Et puis, comment la fatigue peut-elle devenir un objet politique, voire de lutte ?

L’étude du bien-être de la population à travers le rapport au territoire et à l’espace, menée par Lise Bourdeau-Lepage, révèle la façon dont les français‧es ont vécu le confinement : télétravail ou chômage partiel, grande maison avec jardin, ou petit appartement sans lumière. Les ressentis sont bien sûr très différents puisque la crise sanitaire a mis en lumière de nombreuses inégalités. Romain Huet développe d’ailleurs la notion de « souffrance ordinaire », s’appliquant aux individus victimes d’un ordre social dominant qui les exclut.

S’intéresser à ces problématiques, c’est finalement faire émerger des enjeux sociaux et politiques forts, déjà présents avant la crise sanitaire. Au-delà d’un simple mal-être passager dû aux conditions du confinement, il semble qu’une colère sociale profonde soit à l’œuvre, dans la continuité des mobilisations de ces dernières années.

Production : Thibaut Hochart. Animation : Sophie Peroy-Gay et Thibaut Hochart. Réalisation : Sophie Peroy-Gay.