Durant le confinement et l’instauration de l’état d’urgence sanitaire, “près de 21 millions de contrôles ont été réalisés sur le territoire national : ils ont donné lieu à 1,1 million de contraventions”. Si le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, s’en réjouit sur Twitter, ce bilan de l’État pose la question du respect de nos libertés fondamentales. Un constat et des inquiétudes que l’on vous propose d’évoquer ensemble dans ce nouvel épisode de votre podcast hebdomadaire sur Radio Parleur.
Invité :
- Raphaël Kempf, avocat au barreau de Paris et auteur du livre “Ennemis d’Etat : Les lois scélérates, des anarchistes aux terroristes” paru en septembre 2019 aux éditions La Fabrique. Il est aussi l’auteur d’un article pour le mensuel Le Monde Diplomatique du mois d’avril 2020, “Et le gouvernement décida de confiner nos libertés”.
Un tweet, presque 250 caractères, et voici résumée l’action de la police et de la gendarmerie pendant ce confinement. C’est le compte du ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, qui propose ce bilan et salue la “mobilisation” des agents de l’État.
Près de 21 millions de contrôles ont été réalisés sur le territoire national : ils ont donné lieu à 1,1 million de contraventions, et pour 2/3 il s’agissait de personnes qui n’avaient pas d’attestation.
Merci à nos forces pour leur mobilisation.
🗞️ https://t.co/SJRzlk66BO pic.twitter.com/9HoCeLxqjf— Christophe Castaner (@CCastaner) May 11, 2020
Pendant le confinement, le policier “fabrique la loi”
La réalité sur le terrain est, comme souvent, plus complexe. La conséquence de cette politique, c’est la multiplication d’actes de violences policières. En particulier, ce sont dans les quartiers populaires qu’ils se déroulent. Où les libertés des habitant·es sont bafouées. Des policiers ont notamment proférés des insultes racistes lors d’une interpellation à L’Île-Saint-Denis (93).
Plus largement, les témoignages de contraventions abusives sont nombreux. Tous racontent un jugement sur l’instant, des décisions impossibles à remettre en cause et un contrôle à posteriori quasi-inexistant.
Sur le même thème : écoutez notre précédent entretien avec l’avocat Raphael Kempf sur son livre “Ennemis d’État”
De tout cela, Christophe Castaner n’en dit rien dans ses interventions. Cette action de l’État pendant le confinement pose pourtant la question du respect de nos libertés fondamentales. Elle interroge aussi la réduction de leur périmètre en situation d’urgence. Enfin, elle questionne le contournement de la justice. Un constat qui fait la part belle à un pouvoir de répression, vertical, en application directe des décisions de l’exécutif.
Une émission produite et présentée par Martin Bodrero
Pour aller plus loin : retrouvez l’épisode précédent de votre podcast hebdomadaire du confinement : Économie, le retour de l’argent magique
Photographie de une : Le 11 mai 2020, rassemblement contre les violences policières devant la mairie de L’Île-Saint-Denis (93). Pierre-Olivier Chaput pour Radio Parleur.