Les violences policières ont flambé depuis le début de l’état d’urgence sanitaire. Ce lundi 11 mai, premier jour de déconfinement, s’est tenu à L’Île-Saint-Denis (93) un rassemblement de protestation contre ces brutalités.


« C’est la première manifestation après confinement. On voulait qu’elle soit dans un quartier populaire », annonce Omar Slaouti, militant antiraciste et membre du comité Vérité et justice pour Ali Ziri, qui a co-organisé le rassemblement de ce lundi 11 mai à L’Île-Saint-Denis (93). En cette période de crise sanitaire, la mobilisation n’a pas été autorisée par la préfecture. Iels étaient pourtant environ 300 à répondre à l’appel lancé par des organisations militantes, politiques et syndicales, parmi lesquelles la CGT, Solidaires, le NPA ou encore le comité Vérité et justice pour Adama.

Première manifestation du déconfinement

À L’Île-Saint-Denis, ils et elles ont tenté de former une chaîne humaine, dans le respect de la distanciation physique. La police présente sur place dès le début du rassemblement a empêché les manifestants de se tenir par la main. Amor Salaouti explique le choix de cette commune pour le rassemblement : « On a toujours pas quitté cette sombre histoire qui date du 17 octobre 1961, puisque les flics ont décidé de graver dans le marbre que les bicots savent pas nager. »

Le 11 mai 2020, devant la mairie de L’Île-Saint-Denis. Photo Pierre-Olivier Chaput pour Radio Parleur.

Le militant fait référence à des violences policières datant de la nuit du 25 avril 2020. Samir, ouvrier d’origine égyptienne, est à L’Île-Saint-Denis. Voyant des policier·ères arriver vers lui, il se jette, de nuit, dans la Seine. Une fois sur la rive, les policier·ères le menottent, et le passent à tabac, raconte-t-il. Il a porté plainte pour « violences volontaires ayant entraîné une ITT non déterminée à ce jour, en réunion, avec usage ou menace d’une arme, par personnes dépositaires de l’autorité publique » et à caractère raciste, ainsi que pour « violation de liberté individuelle » et « destruction de biens privés ».

Les violences policières dans les quartiers continuent de plus belle

Également présent, le comité Adama, avec Youcef Brakni et Assa Traoré, qui lutte pour faire reconnaître les crimes policiers ainsi que les violences restées impunies à l’encontre des populations des banlieues et quartiers populaires. Assa Traoré rappelle notamment que « cette crise sociale a réhabilité les pires injustices commises sur des individus perçues comme illégitime ». Elle continue d’expliquer : « Il faut rappeler l’histoire : le passeport français a été créé pour l’esclave noir. On pouvait l’abattre s’il ne l’avait pas sa pièce d’identité. Pendant ce confinement on a vu ce même type de procédé avec l’attestation, auprès des populations des quartiers populaires. »

C’est souvent les vidéos prises lors d’actes de violences policières qui permettent d’appuyer les plaintes des victimes. Photo Pierre-Olivier Chaput pour Radio Parleur.

En effet, cette période très particulière de confinement a vu se multiplier les violences de la part de policiers, qui quelques fois ont pu être filmées, comme celle exposant le jeune Sofiane, livreur chez Amazon, traîné sous un porche dans le quartier des Hautes-Plaines aux Ulis pour y être tabassé, ou encore cette jeune mère à Aubervilliers, Ramatoulaye, tasée et frappée. Bien que les forces de l’ordre furent déployées en masse, le rassemblement s’est terminé sans heurts ni confrontation directe entre policier·ères et manifestant·es.

Un reportage réalisé par Sarah Belhadi. Photo de Une : Pierre-Olivier Chaput pour Radio Parleur