CRA Vincennes Covid-19

Plus de placement en rétention dans les CRA de Paris et Vincennes

Plus aucune nouvelle incarcération. Les deux centres de rétention administrative de Paris-Vincennes ferment deux semaines sur décision de justice. L’une des personnes enfermées y est atteinte du COVID-19. Dans ces CRA connus pour maltraiter les retenus, pas question pour autant d’ouvrir grand les portes.

Un cas de COVID-19, une fermeture du CRA pendant deux semaines

Une décision qui sonne comme une première victoire. Le 15 avril, le juge des référés du Tribunal administratif de Paris, saisit par l’Association pour le droit des étrangers (ADDE), le Groupe d’information et de soutien des immigrés (Gisti) et le Syndicat des avocats de France (SAF), a enjoint la préfecture de fermer les Centres de rétention administrative de Paris-Vincennes pendant 14 jours, en raison de la crise sanitaire. Ce sont à ce jour les seuls CRA de France qui ferment face à la crise, malgré la demande du Défenseur des droits de stopper tous les placements en rétention.

« Un retenu a été déclaré positif au Covid-19 dans le CRA de Vincennes le 8 avril. Il fallait agir vite », explique Marie-Nayeli Magraner, avocate en droit des étrangers. Rapidement, d’autres cas de contamination se manifestent dans les deux centres de rétention de Paris-Vincennes. Pour l’avocate, « la justice ne pouvait pas fermer les yeux plus longtemps. Le juge a également ordonné que les personnes positives soient évacuées vers un centre de l’Agence régionale de santé (ARS) pour être soignées. Pour les autres retenus, c’est le confinement total. »

“Les CRA sont des foyers infectieux”

Pour l’administration, pas question de libérer les personnes retenues, malgré les risques qu’elles encourent à rester enfermées. Les organisations avaient pourtant tiré la sonnette d’alarme en demandant au Conseil d’État de fermer tous les CRA de France. Une demande balayée le 27 mars.

Dans leur collimateur, l’impossibilité pour l’administration de renvoyer quiconque hors des frontières françaises, dans un monde totalement barricadé. Les retenus doivent donc rester là pendant un temps indéfini. “Les CRA sont des foyers infectieux, où le risque de contamination est très élevé. Ces centres ne sont pas équipés pour gérer une épidémie,” martèle maître Magraner.

Pas question de laisser sortir tout le monde pour autant, ce qui agace passablement l’avocat. « Nous avons sollicité à plusieurs reprises l’intérêt pour les personnes retenues d’être libérées, en raison du manque d’hygiène des CRA, mais en vain. Nous avons vraiment l’impression que les JLD (juge des libertés de la détention) croit l’administration sans preuve et rejette systématique celles apportées par les avocats. »

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Des CRA insalubres incapables de faire face à la crise du COVID19

Depuis la décision du Tribunal administratif de Paris, Adeline Hazan, la contrôleur générale des lieux de privation de liberté et la préfecture s’est transportée dans les deux CRA de Paris et Vincennes, afin d’y évaluer les conditions de rétention en période d’épidémie de COVID-19. Dans son rapport, Adeline Hazan confirme que « le respect des gestes barrières est impossible du fait de l’agencement architectural des centres de rétention et des conditions d’hygiène déplorables. »

Un compte-rendu détaillé des constats faits lors de cette visite est en court et devrait être adressé sans plus tarder au ministère de l’Intérieur. En attendant, maître Magraner espère « que l’administration prendra enfin des mesures afin d’éviter que les centres de rétention ne se transforment en clusters de contamination, tant pour les retenus que le personnel y travaillant. Il ne faut pas non plus laisser les CRA devenir des camps de confinement. »

En France, les CRA de Paris-Vincennes sont pour l’instant les seuls a avoir obtenu une fermeture temporaire. Début avril, ces deux établissements comptabilisaient au total 53 personnes, selon l’administration. A noter que la France porte à 22 le nombre de CRA en métropole, dont on estime à une centaine le nombre de personnes encore en rétention.  

Un reportage de Yoanna Sallese. Photo de Une : Patrick Janicek

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