La dixième journée de mobilisation interprofessionnelle contre la réforme des retraites a réunie près de 92.000 manifestant.es en France ce jeudi 20 février. Un chiffre en baisse, qui traduit la fatigue dans la mobilisation après deux mois de protestation. Alors qu’une nouvelle manifestation est annoncée pour le 31 mars, replongez au coeur de cette journée avec le meilleur de notre direct sonore réalisé dans les cortèges à Paris.
C’est la dixième grande journée de manifestation depuis le début du mouvement. Elle intervient deux semaines après la mobilisation du 6 février dernier. Ce jeudi, l’intersyndicale (CGT, FO, FSU, Solidaires, FIDL, MNL, UNL et UNE) appelle de nouveau à « une journée de mobilisation interprofessionnelle massive de grèves et de manifestations » contre la réforme des retraites. Les organisations syndicales exigent le maintien et l’extension du système de retraites existant. Des cortèges défileront partout en France avec, en point d’orgue, la manifestation parisienne entre Montparnasse et place d’Italie, à partir de 13h30.
17H00 – Aussitôt arrivée sur la place d’Italie, la manifestation parisienne se disperse dans le calme.
Le syndicat de la CGT revendique 50.000 manifestant.es sur le pavé parisien, alors que les chiffres du ministère de l’Intérieur avancent un comptage de 7.800 manifestant.es (contre 15 200 personnes, le 6 février). Un chiffre qui semble confirmer un essoufflement dans la mobilisation, après deux mois de luttes dans la rue et sur les lieux de travail.
Au niveau national, le ministère de l’intérieur avance un chiffre de 922.000 manifestant.es dans toute la France (contre 121.000 lors de la dernière journée de mobilisation, le 6 février).
En régions, les préfectures ont compté 2.700 manifestant.es à Toulouse, tandis que près de 1.700 personnes ont défilé à Nantes et 1.200 à Montpellier.
16H00 – Rapide, le cortège de la manifestation parisienne contre le projet de réforme des retraites arrive par le boulevard de l’Hôpital et s’approche déjà de son lieu d’arrivée : la place d’Italie.
15H30 – A Paris, la tête du cortège arrive sur le boulevard Saint-Marcel et les premiers chiffres commencent à tomber dans différentes villes de France.
Si plusieurs centaines de manifestant.es ont battu le pavé dans les rues de Rennes ce jeudi, c’est près de 2.500 manifestant.es ont défilé à Rouen d’après les syndicats et 1000 selon la police. Ce matin, près de 2.000 manifestants étaient mobilisés dans les rues de Limoges, alors que la ville de Bordeaux a connue une importante mobilisation, réunissant plusieurs milliers de personnes réunies.
Eric Beynel, porte parole de Solidaire annonce les prochaines actions “On prépare une semaine noire. Intersyndicale ce soir, 8 mars pour se joindre aux féministes, le 5 mars l’enseignement supérieur, le 14 mars contre les violences policières et le climat.” #greve20fevrier pic.twitter.com/MblPDL1g7g
— Marguerite de Lasa (@MargueritdeLasa) February 20, 2020
Prouver que la contestation ne faiblit pas durant les débats à l’Assemblée
Pour les opposant·es, l’enjeu de cette nouvelle journée est de démontrer que la contestation ne faiblit pas dans la rue alors même où le projet de réforme des retraites est débattu à l’Assemblée nationale. D’abord exclue, l’option d’un recours au 49-3 commence pourtant à prendre corps dans la majorité, confrontée à une obstruction parlementaire assumée par les député·es de gauche.
Chaque semaine depuis le 5 décembre, des Assemblées Générales se multiplient sur les lieux de travail, dans les lycées et universités. Après deux mois de grève et de manifestations, la mobilisation fluctue considérablement en fonction des dates et des différents secteurs d’activité.
L’appel lancé par l’UNSA-RATP – le premier syndicat de la régie francilienne – « à se mobiliser très massivement » dans les transports publics le 17 février, jour d’arrivée du projet de réforme des retraites devant les députés et d’en faire une journée noire dans les transports, a ainsi rencontré peu d’écho.
A contrario, le même jour, pour soutenir financièrement les grévistes en lutte contre la réforme des retraites, un collectif d’intellectuels, d’artistes, d’associatifs et de politiques a organisé une grande soirée visant à remplir les caisses de grève. Une initiative qui a réuni plus de 110.000 euros en l’espace de 24 heures.
Transformer les modalités d’actions et de mobilisation
Après deux mois de grève et neuf journées nationales de mobilisation, de nombreux secteurs ont opté pour leur propre calendrier d’actions. Recherchant la visibilité, ils ponctuent chaque jour de mobilisation par des actions et des initiatives ciblées, locales et parfois créatives en une sorte de “grévilla”.
Conférence et contre-conférence de financement nationale
Ce mardi 19 février, lors de la deuxième séance de la conférence de financement, qui réunit les partenaires sociaux pour ramener à l’équilibre le système de retraites d’ici 2027, la numéro 2 de la CGT, Catherine Perret, a claqué la porte des négociations en déclarant que le « compromis n’est pas possible ».
L’Intersyndicale annonce de son côté qu’elle travaille à l’organisation d’une contre-conférence nationale courant mars, déclinée localement, pour débattre largement et publiquement des solutions et propositions envisageables pour un projet sérieux d’amélioration des régimes de retraite.
Jusqu’à ce jour, les différentes caisses de retraites comme les institutions, dont la plus haute, celle du Conseil d’Etat, ont toutes acté un avis critique voire négatif vis à vis du projet du gouvernement. De quoi renforcer les centrales syndicales, qui appellent d’ores et déjà à préparer de nouveaux temps forts de mobilisation. En particulier autour du 8 mars, journée internationale de lutte pour les droits des femmes. Ces dernières seraient effectivement les grandes perdantes de ce projet de réformes des retraites.
Conférence et contre-conférence de financement nationale
A Paris, le cortège est parti de Montparnasse vers 13h30, en direction de la place d’Italie. Une nouvelle réunion intersyndicale doit avoir lieu en fin de journée, pour décider des suites à donner au mouvement.
Quelques chiffres pour rappeler la dernière mobilisation, le 6 février, le ministère de l’Intérieur avait compté 121 000 personnes dans toute la France, dont 15 000 à Paris. Une participation en hausse par rapport à la journée de mobilisation précédente, le 30 janvier, qui avait rassemblé 108 000 personnes en France, dont 13 000 à Paris.
Une animation réalisée par Etienne Gratianette, Sophie Peroy-Gay, Auriane Duroch et Marguerite de Lasa. Production et coordination : Tristan Goldbronn et Antoine Laurent Atthalin. Photo de Une : Sylvain Lefeuvre.