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Ian B. : “Pour dénoncer les violences policières, il faut du courage”

Radio Parleur a rencontré Ian B, militant contre les violences policières, passé à tabac par un policier lors d’une manifestation en hommage à Rémi Fraisse en novembre 2014. Cinq ans plus tard, le procès de l’un de ses agresseurs a enfin eu lieu.


Trois mois de prison avec sursis, sans inscription au casier judiciaire. Voici la peine requise par le procureur du tribunal correctionnel de Paris à l’encontre de Grégory F., l’un des policiers qui a tabassé Ian B. en novembre 2014, lors d’une manifestation en hommage à Rémi Fraisse. Une peine qui ne surprend pas son avocate Muriel Ruef. “Sa défense était très classique. Il nous a dit que c’était un métier compliqué, où l’on pouvait paniquer, que ce n’est qu’un humain, qu’on peut lui pardonner”.

“Quand vous militez contre la police, vous êtes une cible”

Ce 8 novembre 2014, Ian B, militant contre les violences policières, prenait des photos lors de la manifestation, quand il a été pris à parti par les forces de l’ordre : jeté au sol, il est roué de coups de pieds. On lui écrase la tête contre le macadam. Avant de le relever pour un contrôle d’identité. Depuis, Ian B s’estime victime d’un acharnement : une quinzaine de gardes à vue, des interdictions de manifester, des intimidations. En dernière date, le 25 mars avec vingt-quatre heures de garde à vue et un « rappel à la loi » pour « port d’armes prohibées de catégorie A ». En l’occurrence des munitions vides, qui illustraient un exposé du militant sur les armes utilisées par la police.

Malgré tout, il poursuit son travail de documentation et de dénonciation des violences d’Etat au sein du collectif Désarmons-les et de l’Assemblée des Blessés, qui réunit des personnes mutilées par la police. Au tribunal, un des membres de l’Assemblée des Blessés, Laurent Theron, ancien syndicaliste ayant perdu son œil lors d’une manifestation en 2016, était venu lui apporter son soutien. “Quand vous militez contre la police, vous êtes une cible qu’il faut opprimer. Dès que vous mettez les policiers en difficulté, il faut être prêt à se faire passer à tabac et sans cesse contrôler. Il faut être courageux pour continuer”.

Un reportage réalisé par Laury-Anne Cholez

Edit jeudi 9 mai : Le juge a condamné le policier à 4 mois de prison avec sursis, 2000 euros pour le préjudice , 1000 euros d’amende et 127 euros de frais de procédure. “C’est une décision étonnante, mais qui touche un policier visiblement lâché par sa hiérarchie et qui prend à la place de ses collègues, dont un major et un brigadier chef. Cinq ans de procédure pour des faits relativement peu graves (du point de vue des blessures), cela laisse songeur sur l’issue des centaines de procédures pour violences policières en cours”, a déclaré Ian B.

 

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