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Loi Blanquer : quand l’inquiétude se transforme en colère

Jeudi 9 mai 2019 a lieu une mobilisation nationale contre la réforme de la Fonction publique. L’occasion pour les enseignant.es et les parents d’élèves opposé.es à la Loi Blanquer “Pour une école de la confiance” de rappeler leurs craintes. Nous les avons rencontrés jeudi 18 avril, à l’occasion d’une réunion publique sur la loi avec des députés LREM.

Jeudi 18 avril se tient une réunion d’information sur la loi Blanquer organisée par Mounir Mahjoubi, député de la 16e circonscription de Paris, en compagnie d’Anne-Christine Lang, députée de Paris et rapporteuse du texte de loi. Le rendez-vous est donné dans le sous-sol de l’Olympe, un café du 19e arrondissement de Paris. Face aux députés LREM, en retard d’une heure ce jour-là, une cinquantaine d’enseignants et de parents d’élèves sont présents. Le but ? Expliquer les tenants et aboutissants du texte adopté en première lecture le 15 février par l’Assemblée Nationale à 353 voix contre 171. Les participant.es attendent les députés au tournant. Dans le sous-sol exigu, les échanges fusent alors pendant près de deux heures. La tension est palpable et le dialogue difficile, entre cris et cacophonie. Elisabeth Kutas, enseignante et syndicaliste au SNUipp-FSU donne le ton : “ce n’est pas des inquiétudes, c’est de la colère de la part des enseignants et des parents. Et cette colère ne va pas s’amoindrir avec des réunions dans des cafés où on explique qu’on a mal compris“.

Une école à deux vitesses

La Loi Blanquer, les enseignants et parents opposés l’ont pourtant bien étudiée, technicité et longueur du texte oblige. Mobilisé.es depuis le mois de mars, ils.elles s’organisent pour clamer leurs inquiétudes. Comment ? En transmettant des informations sur le projet de loi aux 25 articles par des réunions et distribution de tracts. Mais au-delà la mobilisation se fait visible sur le terrain en manifestation, par des grèves et des actions locales. Au 28 mars dernier, un site internet commun pour toutes les personnes mobilisées est créé. Il abrite des éléments d’explications pour les militants et héberge une pétition à plus de 100 000 signatures pour dire Non au ministre de l’éducation nationale. Pour Magalie, enseignante mobilisée, il s’agit d’une loi proposant une école à deux vitesses “c’est une loi qui va permettre de mettre en concurrence les écoles, qui va permettre à terme de favoriser la diffusion des écoles privées et donc qui va contre l’égalité des chances des élèves”. Romuald, parent de deux enfants scolarisés dans le 19e arrondissement partage l’avis de Magalie. “Je suis mobilisé contre la Loi Blanquer qui, selon moi, ne règle aucun des problèmes réels de l’éducation en France et qui ne met pas les moyens nécessaires à améliorer la situation”. Les colères exprimées pointent notamment l’article 2 sur la scolarisation obligatoire à 3 ans au lieu de 6 ans, craignant la dépense de l’argent des collectivités pour financer des maternelles privées alors même que 98% des enfants de cet âge sont déjà scolarisés en France. Autre point de mobilisation : le regroupement des écoles du premier degré et des collèges, fusionnés en “établissements publics locaux d’enseignement des savoirs fondamentaux”. De véritables “usines à savoir” selon le SNUipp-FSU où le principal devient le “supérieur hiérarchique” des équipes pédagogiques.

Le texte de loi doit encore être examiné par le Sénat à partir du 14 mai et sa version finale sera proposée le 21 mai. En attendant, enseignants et parents d’élèves comptent bien continuer à informer sur la loi et multiplier les actions pour s’y opposer, à commencer par la manifestation pour la Fonction Publique de ce jeudi 9 mai.

 

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