Contre les Gilets Jaunes, plus de répression. C’est la réponse que le gouvernement à choisi d’apporter, par la voix du premier ministre Edouard Philippe, aux événements de ce samedi 16 Mars. Une répression qui passe, entre autres, par l’emprisonnement. La vie en prison, Nicolas Fensch l’a bien connue. Il a été condamné à 5 ans de prison dont 2 avec sursis dans l’affaire dite du « quai de Valmy » durant le mouvement contre la loi travail en 2016. Il témoigne au micro de Radio Parleur.

Poursuivi pour « tentative d’homicide volontaire » dans un procès éminemment politique, en plein mouvement contre la Loi travail, Nicolas Fensh est arrêté en marge d’une manifestation, après l’incendie d’une voiture de police quai de Valmy à Paris puis condamné à de la prison pour les cinq coups de tige en plastique portés à un policier lors de l’incident. Des faits filmés, des images rapidement devenues virales, sur lesquelles on ne reconnait pas formellement Nicolas Fensch. 

Cette expérience de la prison, au moins 300 personnes la vivent actuellement. Elles ont été condamnées puis placées sous mandat de dépôt après des faits commis durant les mobilisations de Gilets Jaunes. Plus largement, à la mi-février, ce sont 1800 condamnations qui avaient été prononcées depuis le début du mouvement.

Retour en septembre 2018 : Nicolas Fensch publie aux éditions Divergences avec Johan Badour Radicalisation express, du gaullisme au Black Bloc, un récit autobiographique dans lequel il raconte son parcours, ou comment un informaticien de quarante ans découvre « la brutalité de la répression et la réalité des violences policières » mais aussi les coulisses du système pénal, le triumvirat police, justice, prison, et l’acharnement de l’institution judiciaire à son égard.

Un acharnement qui apparaît d’ailleurs peu anecdotique au regard des dernières révélations du Canard Enchaîné (numéro du 30 janv.) sur les consignes du parquet de Paris adressées à la police et à la gendarmerie en cas d’interpellation de Gilets Jaunes, avec des recommandations qui vont du fichage systématique aux garde-à-vue abusives.

Et ce contrôle abusif, il en a aussi fait les frais. Peu de temps après la parution de son livre, Nicolas Fensch s’est entretenu avec l’AFP. Dans cette vidéo, qui a beaucoup circulé sur les réseaux sociaux, il affirme « La police est un adversaire et ça le restera tant que les policiers brutaliseront (les manifestant·es) ». Des propos qui dérangent puisque, surprise… quelques jours après la publication de la vidéo, le procureur fait appel de sa remise en liberté conditionnelle. La juge d’application des peines en charge de son dossier n’a d’ailleurs pas manqué de lui rappeler, à cette occasion « Attention à ce que vous dites sur Twitter Mr. Fensch, les juges aussi y ont accès »

Peu de temps après notre entretien, la décision concernant la remise en liberté de M. Fensch est tombée : il a été contraint de remettre son bracelet électronique.

Un entretien réalisé par June Loper.