Lundi 10 décembre, des militant·e·s se sont réuni·e·s au parc de la Sapinière à Romainville, pour protester contre les travaux d’abattage des arbres de la forêt de la Corniche des forts, dont un tiers est voué à devenir une base de loisirs. Face aux menaces et agressions, certain·e·s envisagent de porter plainte pour écocide.

Depuis 2012, la forêt de la Corniche des forts, située entre Romainville et Les Lilas (93), est menacée par un projet de rénovation urbaine qui prévoit d’abattre un tiers des arbres de cette ancienne carrière de gypse, abandonnée en 1965 et redevenue sauvage. À sa place s’installerait une base de loisirs avec un chemin d’observation et une zone d’« éco-pâturages ».

Depuis le 8 octobre, les travaux de défrichement ont commencé et une barrière métallique a été construite autour de la zone destinée à être rasée. Face elle, les opposant·e·s au projet – dont l’association des Amis de la forêt de la Corniche des Forts – se réunissent régulièrement. Cette barrière avait déjà été endommagée par la chute d’un arbre la semaine du 3 décembre, ce qui avait interrompu momentanément les travaux.

« Y a personne de vous qui habite ici ! »

Lundi 10 décembre, jour de la reprise des travaux, le rendez-vous était fixé à 7h30 lorsqu’un bruit métallique se laisse entendre. « Un arbre est tombé », expliqueront plus tard les militant·e·s. Le personnel de sécurité s’agite, prêt à lâcher les chiens, visiblement en vain. On entendra néanmoins un « maintenant, ça va être la violence ! » venant des casernes préfabriquées devant la clôture.

La police vite arrivée est aussi vite repartie. Le rassemblement se déplace vers la brèche dans la clôture, les vigiles essayant d’éviter au maximum que des photos ne soient prises. A ce moment, un groupe d’individus interpelle les personnes rassemblées. Se présentant comme des « voisins » qui seraient favorables au projet « pour leurs enfants », ils insultent puis gazent certain·e·s des rassemblé·e·s les accusant de n’être pas véritablement des habitants du quartier.

Une partie s’éclipsera par la suite, quatre autres restant jusqu’à la dispersion des opposant·e·s au projet, les menaçant de violences et représailles. Entre temps, ils discutent tranquillement avec des travailleurs du chantier. Aux yeux des militant·e·s, ces individus sont soit sous les ordres des autorités municipales, soit de l’entreprise mandatée pour les travaux.

Un procès pour écocide

Samedi 8 décembre, un rendez-vous avait déjà été fixé au même endroit, afin d’organiser un départ pour la marche climat à Paris. L’appel a été entendu par plus d’une centaine de manifestants. Malgré ces preuves de soutien, le projet ne semble pas être près de s’arrêter.

Avec le soutien d’organisations de défenseur·e·s des droits de la nature, les Amis de la Corniche des Forts envisagent d’ouvrir un procès pour écocide, afin de faire monter d’un cran la lutte contre ce projet qu’elles et ils considèrent inutile. Face à des représailles qui s’avèrent de plus en plus violentes, reste à savoir si cette stratégie pourra porter ses fruits avant l’abattage du tiers de la forêt voué a disparaître. Faute de quoi, il ne resterait qu’à se remettre au vent et aux arbres.