Jeudi 13 septembre à 14h, un rassemblement d’une cinquantaine de personnes s’est tenu rue d’Alsace, devant la Gare de l’Est parisienne. L’action s’est faite en soutien aux cheminots appelés en conseil de discipline par la direction régionale de la SNCF après la grève menée entre le 3 avril et le 28 juin contre la réforme ferroviaire.

Faits de grève

« Les cheminots en grève sont confrontés à une double peine, c’est à dire qu’ils se font licencier et poursuivre en justice. Mais licencier des travailleurs pour des faits de grève c’est simplement inadmissible », insiste Anasse Kazib, délégué SUD Rail Paris Nord. Les faits de grève n’existent pas dans la loi, mais désignent toute forme de sanction d’un·e salarié·e déclaré·e gréviste. 

Au retour des vacances, une cinquantaine de cheminot·te·s ont en effet reçu des lettres de convocation évoquant diverses sanctions allant de quelques jours de mise à pied jusqu’à la radiation complète. Nicolas, mainteneur électricien à la SNCF de Lille, en fait partie. « Ils me reprochent d’avoir utilisé mon outil de travail à des fins de grève », explique-t-il « Mais j’assume totalement cet acte. Envahir c’était symbolique, il n’y a eu aucune casse. » Convoqué pour avoir utilisé son badge et laissé entrer les grévistes dans les locaux d’une gare SNCF à Lille, la direction lui a fait part de la procédure disciplinaire entamée contre lui dont les conséquences se traduisaient par une radiation ainsi qu’un avertissement.

A l’issue de son conseil de discipline néanmoins, la direction a finalement baissé le niveau de sanction à quelques jours de mise à pied. La décision finale lui sera transmise d’ici les 30 prochains jours. « Au départ, on parlait de licenciement pur et simple, mais comme la direction était là ce jour-là et a laissé faire, je crois qu’ils ont un peu peur d’aller jusqu’au bout. »

« Ils veulent faire peur aux cheminots »

Laura D. et Anasse Kazib, délégué·e·s syndicaux SUD Rail Paris Nord, et Gaël Quirante, postier et secrétaire départemental de SUD-Poste dans les Hauts-de-Seine, licencié par La Poste, faisaient partie du cortège. Tou·te·s font le même constat : ces conseils de discipline, que les syndicats ont chiffrés à une cinquantaine à la SNCF, sont faits pour intimider les grévistes. « Ce n’est pas un hasard si la direction a attendu la rentrée. Ils veulent faire peur aux cheminots, pour pouvoir appliquer leur réforme sans problème. » Pour Laura D., cette stratégie rendra d’autant plus difficiles les âpres négociations qui viennent de commencer.

Si la réforme a été votée dans son ensemble, elle n’a pas de contenu pour l’instant. Une quinzaine de négociations ont commencé le 18 septembre, et s’étaleront jusqu’en 2020. « La première porte sur la classification de nos métiers, et sur la formation. On est plus face au gouvernement, mais face aux patrons du ferroviaire », explique le délégué fédéral SUD-Rail, Bruno Poncet, qui a fait une apparition au rassemblement. S’agit-il de disperser les forces syndicales sur plusieurs fronts ? « Possible, mais ça ne marchera pas », sourit Bruno Poncet avant de donner rendez-vous le 9 octobre prochain pour une nouvelle journée de mobilisation nationale et interprofessionnelle.