Il n’y a plus rien. La semaine dernière, la ZAD du moulin, en Alsace, a été rasée par les bulldozers de l’État. La ZAD n’est plus, mais la lutte continue contre un projet d’autoroute que les autorités sont allées chercher au fond des tiroirs oubliés des années 70. Radio Rhino a ouvert son micro à Bilbo. Lui n’est pas un hobbit, mais un zadiste. Il explique comment cette opposition diverse et déterminée se reconstruit.

Le grand contournement

Le projet date de 1973. Un nouveau tronçon d’autoroute, qui s’appellerait A355 et qui permettrait de désengorger la circulation cauchemardesque, il est vrai, de l’agglomération de Strasbourg. Réssucité dans les années 90, les premiers coups de pelleteuse pour tracer les 24km d’asphalte ont commencé la semaine dernière, avec le déboisement de 20 hectares dans la forêt de Grittwald. Arcos, filiale de Vinci, attendait depuis un an la fin d’une enquête publique pour y aller.

A l’ouest, la ligne de front rasée par les bulldozers

Les opposant.es sont hétéroclites et déterminé.es. Des prêtres, des militant.es, des habitant.es, le maire de Kolbsheim, José Bové, Karima Delli… tout.es accueilli.es de la même façon, à coup de gaz lacrymogènes et de gardes-mobiles. Pourtant, ils et elles font valoir plusieurs points essentiels : ce contournement autoroutier n’aura pas l’effet escompté par ses promoteurs. D’une part, parce qu’il ne va pas concerner les trajets pendulaires des strasbourgois.es qui vivent dans la banlieue située entre les deux bras d’autoroute. Cette autoroute sera payante, quand l’autre reste gratuite.

L’autre point noir du projet, c’est la résorption du trafic des camions qui embouteillent actuellement le trafic strasbourgeois. Un véhicule sur dix qui traverse la ville est un camion. D’après les zadistes, une nouvelle autoroute n’y changera rien. La taxe poids lourd que les Allemands ont mise en place en 2005 existera toujours, et avec elle la cause du report de trafic qui inonde les routes alsaciennes, gratuites.

La ZAD est morte, vive la ZAD

Tout a été rasé pendant l’opération de gendarmerie le lundi 10 septembre. Les opposant.es ne désarment pas pour autant. Un rassemblement est prévu mercredi prochain devant le tribunal administratif de Strasbourg.

Réalisation et entretien : Jérémie W. et Olivier Lienhardt. Montage : Maylis Cerbelaud.