C’était jeudi dernier, au cœur d’une semaine où l’on a quasiment parlé que de François Fillon, notre photographe Marc Estiot pensait lui à Adama. Un concert exceptionnel se tenait à La Cigale à Paris pour réclamer, enfin, toute la lumière sur le décès d’Adama Traoré, 24 ans, le 19 juillet dernier, après son arrestation par la gendarmerie.
Après les manifestations dans la rue, c’est aux artistes de se mobiliser. Youssoupha, Mac Tyer, Kery James, Médine, Sofiane ou encore Ärsenik, Tito Prince et Dosseh, jeunes gloires et vieux routiers du rap game français étaient présents en force jeudi 2 février pour soutenir la famille d’Adama et toutes les victimes de violences policières. Malgré l’émotion, l’ambiance fût belle et la salle comble. Les artistes se sont succédés sur scène. Des morceaux entrecoupées de prises de parole. Assa, la sœur d’Adama a annoncé la création d’une association pour “que chacun ait accès au droit en toute égalité”, elle a réclamé aussi, une fois encore, “la vérité” pour son frère décédé.
“Trop de mensonges” sur la mort d’Adama
Interrogés par le Bondy Blog, plusieurs proches d’Adama ont dénoncé le traitement médiatique de l’affaire à la fois dans les médias et sur les réseaux sociaux. “Ce qui fait mal, c’est que le connaissant on a entendu trop de mensonges sur lui, en tant qu’ami qui le connaissait bien c’était insupportable”, réagit le groupe de Beaumont-Sur-Oise BBG.
L’œil de Marc
La soirée a aussi connu des moments forts avec la présence de plusieurs victimes de bavures policières. Parmi eux, les proches de Rémi Fraisse, mort en octobre 2014 au barrage de Sivens dans l’explosion d’une grenade offensive lancée par les gendarmes. Les noms de plusieurs de ces victimes ont été projetés sur grand écran. L’argent récolté aidera à payer les frais de justice alors que les causes de la mort d’Adama restent encore floues.
Des nouvelles questions sur la mort d’Adama
Des échanges entre les services de secours, dévoilés par “L’Obs” ce dimanche 5 février, démontrent que les gendarmes n’ont pas donné toutes les informations aux médecins. La consultation des retranscriptions des échanges entre l’assistant de régulation médicale, le médecin du SMUR et les pompiers laissent penser qu’Adama Traoré a pu mourir pendant son transport dans le véhicule des gendarmes qui l’ont interpellé en pratiquant le plaquage ventral, technique d’interpellation dangereuse. Les informations émises par les gendarmes et transmises aux secours concernant la victime étaient confuses, voire fausses d’après l’hebdomadaire.
Pour rappel, après le déplacement du dossier à Paris, fin octobre, trois juges d’instruction ont été désignés en décembre pour reprendre l’enquête. Les autopsies du corps d’Adama ont révélé « un syndrome asphyxique », les résultats de nouvelles analyses devraient être révélés « très prochainement », selon la famille.
Marc Estiot