Une semaine après les violences des Champs-Élysées, retour relatif au calme ce samedi 23 mars à Paris pour les Gilets Jaunes. Malgré les menaces de répression brandies par le gouvernement, un défilé a pu se tenir. Ailleurs en France, des tensions ont éclatées dans plusieurs villes. À Nice, une femme de 73 ans a lourdement chuté à cause d’une charge de la police. Elle est actuellement hospitalisée dans un état grave mais ses jours ne sont pas en danger.
Samedi 23 mars, c’est le calme plat sur les Champs-Elysées. le long de l’avenue, on croise beaucoup de CRS, des photographes venus “au cas où”, et des vitrines barricadées. Les seuls qui manquent à l’appel, ce sont les Gilets Jaunes. Pour la première fois depuis le début du mouvement, la préfecture de police avait interdit les manifestations dans le quartier devenu symbole de ces quatre mois de contestation. Des interdictions de manifestations qui ont été mise en place dans plusieurs villes de l’hexagone comme à Bordeaux ou Toulouse.
Ces mesures n’ont pas empêché d’importants cortèges de se former. Sur tout le territoire, ce dix-neuvième samedi d’action des Gilets Jaunes a rassemblé quelque 40 000 personnes selon le ministère de l’Intérieur, dont 5 000 à Paris. Sur Facebook, la page Le Nombre Jaune, l’une des principales initiatives de comptage mise en place par des membres du mouvement, annonce 126 000 personnes au minimum sur tout le territoire.
“La peur ne nous vaincra pas”
À Paris, le rendez-vous était donné au sud de la capitale, place Denfert-Rochereau, en début d’après midi. La marche prend la direction de la butte Montmartre et du Sacré-Coeur. Malgré une présence policière importante et quelques brefs incidents, le cortège se dirige vers le monument dans une ambiance relativement calme. “On pensait qu’on ne serait pas nombreux, et finalement les gens se sont agglutinés sur le cortège, ça fait plaisir et ça prouve aussi que la peur ne nous vaincra pas” nous glisse un manifestant.
Aux alentours de 15h30, la foule arrive au pied du Sacré Coeur, et les pelouses se parsèment de Gilets jaunes. Sous les vivats, une banderole jaune est déployée sur le fronton de l’église. L’ambiance est bon enfant, presque festive, des chants sont lancés et repris par les manifestants. A la vue d’un hélicoptère de la police, la foule hue.
“On est arrivés à un point de saturation et le peuple ne se taira pas”
Dans tout le cortèges, les violences et les mesures répressives annoncée par le gouvernement sont au coeur des débats. Delphine, éducatrice de jeunes enfants, confie “je tremble mais je suis là quand même parce que c’est ça qu’ils veulent, qu’on se taise et qu’on arrête de remettre en question le système et le pouvoir politique actuel.” affirme t-elle avant d’ajouter “Ce n’est pas possible, on est arrivé à un point de saturation et le peuple ne se taira pas. Donc maintenant c’est eux qui n’ont plus le choix, c’est à dire qu’il faut nous écouter parce qu’on s’arrêtera jamais.”
Dans la manifestation, une rumeur se répand dans le courant de l’après-midi, les yeux sur leurs smartphones, les manifestants évoquent une personne gravement blessée à Nice après une charge policière. La manifestation y était interdite à la demande du maire de la ville, Christian Estrosi. On apprendra plus tard que la septuagénaire blessée est une militante locale de l’association Attac. Elle a été amené à l’hôpital, victime de multiples fractures au crâne. Ce lundi, son état est jugée grave mais stable annonce sa famille. Dans un communiqué l’association ATTAC condamne les violences subies par sa militante et réclame toute la lumière sur cette affaire.
Emmanuel Macron : des voeux de “rétablissement” et une leçon de “sagesse”
En déplacement sur la Côte d’Azur pour un sommet avec le président Chinois Xi Jinping, Emmanuel Macron à souhaité un “prompt rétablissement” à madame Legay. Dans le même temps, il n’a pas hésité à l’inviter à “une forme de sagesse” à l’avenir dans l’exercice de son droit à manifester. “Quand on est fragile, qu’on peut se faire bousculer, on ne se rend pas dans des lieux qui sont définis comme interdits et on ne se met pas dans des situations comme celle-ci,” a déclaré le Président de la République.
La famille de la septuagénaire a annoncé qu’elle portait plainte ce lundi contre la police. Le motif : “violences volontaires en réunion avec arme par personnes dépositaires de l’autorité publique et sur personne vulnérable”. Une autre plainte va aussi être déposée contre le préfet des Alpes-Maritimes en qualité de complice.
Un reportage réalisé par Clara Menais avec Ivan Vronsky, et Timothée Froelich. Photographie de une : Sylvain Lefeuvre.