Dimanche 11 novembre, 70 chefs d’État étaient réunis à Paris pour les commémorations de l’Armistice. Parmi eux : Donald Trump, le président américain, dont la présence est contestée par de nombreux militants.es de la paix. Quelques centaines de personnes se sont rassemblées place de la République pour crier leur hostilité envers un homme belliqueux dont les actes et propos attisent les braises de la guerre.
« Ce forum de la paix, c’est le bal des vampires ». Adrien, représentant du collectif organisateur « Ni guerres ni état de guerre » s’insurge à la tribune. La colère déborde dans les prises de parole qui s’enchaînent au micro. Plus de 50 organisations se sont rassemblées dès 14 h, en ce dimanche pluvieux, pour protester contre la présence de Donald Trump à Paris, à l’occasion des célébrations du centenaire de l’Armistice de la Première Guerre mondiale. Mais pas seulement.
11 Novembre : quelles leçons du passé ?
L’invitation d’un « homme de guerre pour célébrer la paix » pose problème pour les manifestants.e.s. réunis.e.s autour de la statue de Marianne. Leurs discours pointent l’hypocrisie des chefs d’État, qui inaugurent à Paris le premier “Forum pour la Paix”, tout en menant des politiques belliqueuses et discriminatoires envers leurs peuples.
Le président américain, baptisé des doux sobriquets de « porc » et « meurtrier », rejoint ses homologues russe (Vladimir Poutine) israélien (Benyamin Netanyahou) ou philippin (Rodrigo Duterte) au rang des dirigeants aux mains ensanglantés. Des militant.es yéménites, gazaouis et palestinien.ne.s témoignent des crimes de guerre dans lesquels est impliquée l’armée américaine.
Un harcèlement des minorités
« Il se pense comme quelqu’un qui n’a pas besoin de respecter les lois », assène Kim, une Américaine qui vit en France depuis 27 ans. Les coups d’éclats du leader twittophile effraient en particulier les minorités. Une militante du mouvement de lutte pour les droits des personnes trans et intersexe « won’t be erased » dénonce au micro une note interne de l’administration américaine, dévoilée par le New York Times le 21 octobre, visant à définir l’identité sexuelle sur la base de ses organes sexuels à la naissance.
« C’est un immense retour en arrière », indique Pierre, co-secrétaire général d’Act-Up Paris, qui voit dans cette politique discriminatoire et régressive un danger pour la lutte contre le VIH. Les propos ouvertement racistes et xénophobes du chef d’État font également rugir les enceintes de la sono au milieu de la place.
Une manifestation melting-pot sous surveillance
Aux abords de la place, une large présence policière est prête à contenir d’éventuels débordements, redoutés par la préfecture. Les manifestants.es resteront donc autour de la statue, dominés par le fameux Baby Trump qui flotte au vent, caricature gonflable déjà aperçue dans le ciel londonien le 13 juillet dernier. Les militants d’Act-up côtoient une trentaine d’antifas habillés de noir. Les féministes de l’antenne parisienne de la Women’s march reprennent les slogans des collectifs de sans-papiers. Les drapeaux du Nouveau Parti anticapitaliste se frottent aux rainbow flags.
Le rassemblement hétéroclite n’apparaît pas très conséquent. La faute aux trombes d’eau ? Pas sûr. Il semble en effet « plus difficile de mobiliser sur des enjeux internationaux » selon les mots du secrétaire adjoint d’Act-up. Si les anglophones présents rêvent de voir s’exporter les manifestations étasuniennes et anglaises, les colères internationalistes tentent de prendre racine sur le sol parisien.