Arrestations d’ex-militant‧es italien‧nes de la lutte armée, condamné‧es en Italie pour des actes de terrorisme commis dans les années 1970-1980, présentation d’un nouveau projet de loi antiterroriste : le gouvernement français veut donner un signal fort dans la lutte contre le terrorisme. Au risque d’un confusionnisme historique et de l’abandon des mécanismes fondamentaux de la justice ?
- Serge Quadruppani est journaliste, romancier, essayiste, traducteur et éditeur littéraire libertaire. Il est l’auteur d’une tribune en soutien à Cesare Battisti, sans pour autant clamer son innocence.
- Alessandro Stella a été membre de Potere Operario, puis d’Autonomie ouvrière. Réfugié en France après la lutte armée, en 1982, il est aujourd’hui chercheur en histoire au CNRS et à l’École des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS), Gilet Jaune. Il est ‘auteur d’Années de rêves et de plomb. Des grèves à la lutte armée en Italie, aux éditions Agone.
C’est la continuation d’un feuilleton vieux de trente ans entre Rome et Paris. « Un moment historique de la relation franco-italienne », selon l’Élysée. Le 28 avril, Emmanuel Macron a ordonné l’arrestation de sept ancien‧nes militant‧es italien‧nes de la lutte armée, réfugié‧es en France. Sept personnes, parmi lesquels d’ancien‧nes membres des Brigades rouges.
Des arrestations conformes à la doctrine Mitterrand, qui avait accepté l’exil des Brigades rouges, sauf pour les crimes de sang. Selon le gouvernement, 200 demandes d’extradition, ont été transmises par le gouvernement italien aux autorités françaises. Seulement 10 auraient été retenues à cause du caractère extrêmement grave des crimes commis. Quarante ans après les faits, ce choix politique pose pourtant la question de la prescription et du droit à un procès équitable.
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La question de la prescription : entre justice et décision politique
« La France, elle-même touchée par le terrorisme, comprend l’absolu besoin de justice des victimes. Elle s’inscrit également, à travers cette transmission, dans l’impérieuse nécessité de la construction d’une Europe de la justice. » Face à l’histoire de la lutte armée en Italie, Emmanuel Macron convoque le terrorisme que nous connaissons aujourd’hui en France. Ces arrestations interviennent d’ailleurs au moment où le gouvernement présente un nouveau projet de loi antiterroriste. Celui-ci survient cinq jours après l’attentat de Rambouillet. Elle a coûté la vie à Stéphanie Montfermé, agent administratif du secrétariat au commissariat de Rambouillet. Pourtant, l’Histoire des Brigades Rouges est bien spécifique.
Cette semaine, dans votre épisode de Penser les luttes on vous propose d’y voir plus clair dans l’arrestation de ces militants italiens. Qu’appelle-t-on les Brigades rouges ? De quoi sont-elles accusées ? Pourquoi la France a-t-elle décidé de procéder à de nouvelles arrestations ?
Production : Thibaut Hochart. Animation : Tristan Goldbronn. Réalisation : Tristan Goldbronn.