Le 2 octobre dernier, le président prononçait un discours contre le séparatisme. Dans le viseur, entre autres, l’Instruction en Famille. 50 000 enfants reçoivent un enseignement à domicile dispensé par leurs parents. Une pratique qui sera bientôt “strictement limitée” promet le président de la République. Entretien avec Ramïn Farhangi, fondateur de l’École Dynamique.
Dans une autre vie, Ramin Farhangi était consultant en direction générale d’entreprise au Boston Consulting Group. Il exerçait comme professeur de Mathématiques et Sciences Physiques en collège et lycée. Mais nous le recevons parce qu’il est le cofondateur de l’école Dynamique située à Paris, 14ème. Auteur du livre Pourquoi j’ai créé une école où les enfants font ce qu’ils veulent, il pratique l’instruction à domicile. Surtout il la défend face à sa potentielle suppression, brandie par Emmanuel Macron le 2 octobre dernier.
La loi française autorise l’instruction à domicile depuis 1882, et cette éducation concerne environ 50 000 enfants en France. Les inspections académiques, qui encadrent cette pratique, peuvent se solder par une injonction à la re-scolarisation, si les autorités compétentes estiment que l’enfant ne reçoit pas son instruction dans de bonnes conditions.
Contrôle des programmes, inspection académique, quel cadre, quels abus ?
Certains contrôles se révèlent abusifs, dénonce Déborah, une mère musulmane de 5 enfants qui pratique l’instruction à domicile et voit régulièrement ses droits bafoués. “Chaque année, je me prépare comme pour un combat de boxe, je révise chaque article, chaque alinéa pour défendre mes droits. C’est injuste.”
Ramin Farhangi lance le mouvement Enfance Libre pour défendre les droits des familles qui choisissent d’instruire leurs enfants à domicile. Il prône une éducation détachée de la coercition et de l’esprit de compétitivité inculquée en milieu scolaire classique. Il dénonce aussi le rapport CNESCO de 2016 intitulé Comment l’école amplifie-t-elle les inégalités sociales et migratoires ? pour démonter les arguments égalitaires de l’école républicaine.
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« L’école française est profondément inégalitaire, à cause de cette culture élitiste, et des modes d’évaluation qui crée de la compétition, on obtient exactement l’inverse des valeurs d’égalité qui sont prônés au sein de l’Éducation Nationale.” Face à une possible suppression d’une liberté fondamentale, inscrite dans la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, des familles qui pratique l’école à la maison s’organisent.
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Un entretien réalisé par Sarah Belhadi. Photo de Une : Enfant entrant dans une école, Aurélie Luylier sous licence Créative commons.
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