“Et nous aussi on va passer en force”, raisonnait dans les manifestations contre la réforme des retraites comme à Sainte-Soline. De la “force”, il en fallait en tous points cette année sur le front de l’écologie. Tant pour faire face aux armes de l’État et s’en remettre, que pour décortiquer les projets écocidaires et les désarmer. Dans ce dossier, on vous propose de retrouver nos reportages immersifs au sein des luttes écolos, mais aussi nos émissions réflexives sur les conséquences de notre mode de production sur nos conditions d’existences futures et présentes.



Émissions Penser les luttes

L’eau a été au cœur de la bataille écologique tout au long de l’année. Zones humides, montagnes, nappes phréatiques : partout où les ressources hydriques sont menacées, des gens et des collectifs se lèvent pour la défendre, à Sainte-Soline comme dans la Maurienne. La saison dernière, nous faisions le bilan avec les représentants de la FNSEA, de la Confédération paysanne et de France nature environnement : une guerre de l’eau est-elle possible en France ? Celle-ci semble bien s’être amorcée et notre camp social est sur la défensive.

Lubrizol : “Hier, la catastrophe était à Rouen, demain ce sera chez vous”

À Rouen, industriels et pouvoirs publics tentent-ils d’oublier la catastrophe pour mieux ré-industrialiser la région ? Quatre ans après l’incendie de l’usine Lubrizol, les victimes attendent toujours que la lumière soit faite sur l’accident industriel. Au micro de Radio Parleur, Simon de Carvalho, fondateur de l’association des Sinistrés de Lubrizol et Stany Cambot, fondateur d’Echelle inconnue, analysent les raisons du déni confortable des pouvoirs publics.

Spécisme : l’exploitation ignorée ? – PLL x Comme un poisson dans l’eau

Création du Parti animaliste, dénonciation des abattoirs par l’association L214 ou encore proposition de loi sur la corrida… Les engagements antispécistes se sont fait une place dans le paysage des luttes en France. Ils souffrent pourtant d’une réputation de cause « auxiliaire » dans les milieux de gauche. Chez Radio Parleur, par exemple, on n’avait jamais traité ce sujet. Il était donc temps de réparer ce manque. Pour ce nouvel épisode de Penser Les Luttes, on s’associe au podcast sur le spécisme Comme un poisson dans l’eau. On donne la parole à celles et ceux qui militent pour les droits des animaux afin de comprendre les enjeux de la cause antispéciste.



Nos Reportages

Avec les Soulèvements de la terre

Barricade et drapeau "no tav"
Sophie Imren

La lutte “No Tav” dans la Maurienne

Le 16 et 17 juin dernier, nous étions dans la vallée de la Maurienne pour le week-end international contre la ligne Lyon-Turin et son projet de tunnel transalpin. Une mobilisation à l’appel des Soulèvements de la terre et d’autres organisations qui a rassemblé plus de 4000 personnes : inédit coté français. Peut-être le point de relance d’une lutte internationale ?

Illustration de la traversée de l'Arc par les manifestants contre le Lyon-Turin le 17 juin 2023 par Sophie Imren
Sophie Imren

La manifestation se déroule loin des chantiers, la faute aux interdictions de manifester de la préfecture et aux pressions diverses des tenants du projet sur les communes et agriculteur·ices pouvant héberger le campement. Malgré tout, une manifestation combative s’est tenue sous un soleil de plomb et sous le regard des hélicoptères de la gendarmerie. Coté français, la mobilisation est inédite. Plus de 4000 personnes sont présentes, venues tant de France que d’Italie.

Pourtant, tout a été fait pour barrer la route à la mobilisation. Plus de 2000 gendarmes ont été déployés afin de protéger les infrastructures du chantier. Selon nos collègues de Politis, 107 Interdictions administratives de territoires (IAT) ont été déposées, empêchant des dizaines de militant·es d’Italie de franchir la frontière. On recense également pas moins de 50 blessé·es coté manifestant·es. Le mercredi suivant la mobilisation, le ministre de l’Intérieur a annoncé en Conseil des ministres la dissolution des Soulèvements de la terre.

Faire à manger pour 2000 personnes

Que serait un week-end de lutte en pleine nature sans ravitaillement ? On a pris le temps de discuter avec deux camarades participant à l’organisation de la cantine de l’évènement. Faire à manger pour 2000 personnes, ça peut aussi être des bons moments !

« Des bâtons dans les routes » près de Rouen

Le week-end du 6 et 7 mai, après Sainte-Soline et Castres, les militant·es se sont donné·es rendez-vous au cœur de la forêt de Bord, dans l’Eure, pour le festival « Des bâtons dans les routes ». L’objectif : dire NON au grand projet autoroutier écocide de contournement de Rouen. Au programme : « réarmer » la forêt, ateliers pédagogiques et blocage de l’autoroute A13.

Le samedi, notre journaliste Erin Rivolaen-Cochet était à la première manif-action pour “réarmer” la forêt.

La seconde manif-action s’est tenue toute la journée de dimanche, en deux temps. D’abord avec la création de la “première ZAD de France pour enfant”. Ensuite, avec le blocage de l’autoroute A13. L’enjeu, comme nous le rappelle l’un·e des organisateur·ices du festival, était de monter une mobilisation joyeuse, conviviale et pédagogique, afin de sensibiliser et de renseigner sur la menace écologique de ce projet autoroutier de contournement de Rouen. Au-delà de l’axe écologique, les militant·es se sont réuni·es tout le week-end pour dénoncer l’urbanisation rapide des régions naturelles et le trafic massif de marchandises par la création de nouvelles autoroutes.

Des luttes locales en Bretagne

Manif contre l'usine à saumon

A Plouisy contre l’usine à saumon

Le 10 décembre dernier, à Plouisy dans les Côtes-d’Armor, environ 200 personnes ont manifesté contre un projet “d’usine à saumons”. Depuis plus d’un an, c’est le collectif “Dourioù Gouez” [“eaux sauvages” en breton] qui lutte contre ce projet de “ferme-usine” porté par l’entreprise norvégienne Smart Salmon, et soutenu par la Communauté d’agglomération.

Une lutte qui fait converger plusieurs collectifs, avec un cri de ralliement : “non aux machines, non à l’artificialisation des terres, non aux usines“. Le projet, qui prévoit notamment de s’installer sur 10 hectares de terres agricoles est jugé “aberrant, dangereux écologiquement et inutile”, notamment à cause des déchets qui pourraient gravement polluer les ressources aquifères de la région.

Au programme de la mobilisation : occupation du terrain pressenti pour accueillir l’usine et chantier de plantations d’arbres. Puis, direction Guingamp pour un départ en manifestation où plus d’un millier de personnes se retrouvent, avec le renfort de la Confédération Paysanne, d’Extinction Rébellion France, du collectif “Reprendre la Bretagne aux machines” et de militant·es qui luttent contre les “méga-bassines” dans le Poitou.

A Nantes : La lutte pour “les Gohards”

Bandrerole "Sauvons les terres de Doulon Nantes"

Samedi 1er octobre dernier, plusieurs dizaines de personnes ont manifesté dans le quartier de Doulon-Bottière, à Nantes, pour sauver les Gohards, dernières terres agricoles aux portes de la ville.

La lutte pour les Gohards s’inscrit dans un combat contre la bétonisation des terres. Les manifestant·es – habitant·es du quartier et militant·es écologistes, notamment d’Extinction Rebellion ou de Youth for Climate – s’opposent à un projet d’extension urbaine, porté par Nantes Métropole, qui menace d’artificialisation près de 50 hectares de terres agricoles situées en bordure de Loire, appelées « Les Gohards ».

“En Loire-Atlantique, le taux d’artificialisation des terres s’élève à 15%, contre 9% sur le reste de la France, ce qui est déjà énorme” alerte Esther, de Youth for Climate. “Ces terres, ce sont le poumon vert nantais”, poursuit-elle, “et, alors qu’on a souffert des canicules cet été à Nantes, la mairie veut continuer la bétonisation de la ville”.



Retour sur une lutte passée


À Meudon, lutter contre le comblement d’une cathédrale souterraine

A Meudon, sous la colline Rodin, sommeille Arnaudet, une ancienne carrière de craie. La “Cathédrale” est menacée par la mairie de comblement depuis des dizaines d’années. Celui-ci permettrait la réalisation de fructueux travaux et la construction de milliers de logements à prix fort. En mai 2022, Elin Casse vous emmenait au fond de la carrière pour y entendre le son de celles et ceux qui luttent contre les travaux préliminaire au comblement de ce monument.



Un dossier réalisé par Pierre-Louis Colin.