Ce 9 avril 2022, ce sera à nouveau le jour d’une marche climat ! La précédente c’était il y a moins d’un mois, le 12 mars. On en avait profité pour se poser une question dans l’Actu des Luttes “c’est quoi les stratégies pour les luttes climatiques ?”. Chez Radio Parleur, on est toujours impressionné·es par la capacité de ces défilés à mettre du monde dans la rue. Comme beaucoup, on se pose aussi des questions en constatant l’inaction politique qui suit ces mobilisations. Mais depuis quelques mois de nouvelles modalités d’action semblent émerger au sein des luttes climatiques. Ce sont ces évolutions, ces changements dans les méthodes sur le terrain, que l’on vous propose d’interroger cette semaine avec celle et ceux qui se mobilisent.
Un épisode de l’Actu des Luttes publié pour la première fois le 16 février 2022
“La bassine, elle a été désarmée, neutralisée !” Le 6 novembre 2021, sur un char-bateau-pirate, un militant célèbre le sabotage d’une réserve d’eau artificielle illégale. Des centaines d’autres l’acclament, assumant ainsi l’action, elle aussi illégale, qui vient de se dérouler. Est-on en train d’assister à un moment de bascule dans l’histoire des luttes écologistes en France? Face à l’urgence et à l’inaction politique, les activistes prennent-iels la voie de modes d’action plus radicaux, ou au moins celle d’une plus grande diversité des tactiques ? C’est les questions qu’on se pose avec vous dans ce nouvel épisode de l’Actu des Luttes.
Résistance et sabotage
La nécessité d’actions plus radicales, c’est ce que défend Laura, qui milite avec les Soulèvements de la Terre dans laquelle la mobilisation contre les bassines s’inscrit. “Les choses évoluent en ce qui concerne la destruction matériel. Notre colère grandit. Ça vaut la peine d’avoir une action plus impactante, qui a des conséquences concrètes sur la planète” analyse-t-elle. Sa réponse pourrait directement s’adresser à l’auteur et maître de conférence suédois Andreas Malm. Dans Comment saboter un pipeline, il se demande pourquoi, face à l’ampleur de la crise en cours, un mouvement massif de sabotage n’a pas encore vu le jour.
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Penser globalement et agir localement
“Les actions de désarmement ont beaucoup de sens dans les luttes locales,” pour le militant d’Extinction Rebellion Crocodile. Agir localement pour avoir plus d’impact, c’est aussi le pari de l’association Terres de luttes. Grâce à une étude commandée avec d’autres associations, elle a identifié les besoins de collectifs locaux en lutte contre des projets polluants. L’association souhaite maintenant y répondre en proposant des temps de rencontre, de formation et des outils de communication. Cela constitue un virage stratégique pertinent pour la lutte, d’après la militante Léna Lazare. Après plusieurs années d’activisme en Île-de-France, elle s’investit aujourd’hui dans Terre de luttes. Le recensement de victoires récemment obtenues au niveau local semble confirmer son analyse.
Si les écologistes assument de plus en plus d’actions de sabotage, la pratique n’est cependant pas nouvelle. Ce mode d’action n’a, par exemple, jamais vraiment cessé d’être utilisé dans le mouvement antinucléaire. Cela a encore récemment été le cas en marge du camp des Rayonnantes. Le débat est cependant vif chez celles et ceux qui, depuis 2015, occupent la scène médiatique concernant les enjeux climatiques. Avec des évolutions notables: pour Elodie Nace, porte-parole d’Alternatiba et d’ANV-COP21, des actions de sabotage d’industrie sont aujourd’hui plus envisageables qu’il y a quelques années. Elles recueillent en effet davantage l’adhésion du public d’après elle. Reste à voir quelles en seront les conséquences pour le climat.
Un reportage de Lou Bonnefoy pour l’Actu des Luttes. Photographie de une : Coline Rivet. Identité sonore Actu des Luttes : Etienne Gratianette (musique/création) et Elin Casse, Antoine Atthalin, Romane Salahun (voix). Photo de Une : Coline Rivet pour Radio Parleur.