Eric Zemmour se fait une spécialité de citer les grandes périodes historiques. Celles d’une France glorieuse, conquérante… et qui a bien raison d’écraser ses ennemis dans le sang. Florian Besson, docteur en Histoire médiévale, co-signe Zemmour contre l’Histoire, un tract salutaire sur l’usage politique du “roman national”.

Florian Besson publie Zemmour contre l’Histoire avec un collectif d’historiens et d’historiennes, notamment Alya Aglan, Jean-Luc Chappey, Mathilde Larrère ou encore Gérard Noiriel. Ce spécialiste des Croisades et de la société seigneuriale médiévale travaille sur les réécritures contemporaines du Moyen-Âge. Un thème qu’il a déjà abordé dans Le Puy du faux, un ouvrage portant sur les réinterprétations fantaisistes du parc d’attraction.

Zemmour, champion de la falsification de l’Histoire

Dans ce tract au style très accessible, publié le 3 février aux éditions Gallimard, le collectif d’historien·nes répond aux allégations d’Eric Zemmour. Et s’attache avec pédagogie à corriger ses dangereuses déformations et erreurs historiques. Le polémiste n’est pas le seul à l’extrême-droite à falsifier l’Histoire pour asseoir un discours politique haineux. Mais “Marine Le Pen, à la différence de son père, et d’Eric Zemmour, est bien plus prudente“, explique Florian Besson. Pour le spécialiste, Eric Zemmour, lui, cite des faits pseudo-historiques en permanence.


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« Ce ne sont pas des erreurs, mais des mensonges volontaires »

Ainsi, Éric Zemmour abuse d’exemples historiques falsifiés depuis des années dans ses essais et ses interventions médiatiques. “Chez Zemmour, c’est souvent le récit d’une menace qui vient de l’extérieur, et qui prend la forme d’un fondamentalisme religieux“, explique Florian Besson. De l’islam, bien sûr, mais aussi du protestantisme au XVIème siècle. “Cela lui sert à fantasmer une France éternelle qui se serait sauvée en excluant par la violence et la guerre les menaces qui pesaient sur elle.

Pourtant, le “roman national” idéalisant les gloires passées de la nation et propagé par le candidat à la présidentielle fait plus que heurter la discipline historique, faite de débats interprétatifs, et de controverses. Elle installe une représentation péremptoire des faits et biaise le débat public. Un récit nationaliste et identitaire erroné, auquel les historien·nes tentent donc d’apporter un contre-discours efficace, étayé, et indispensable.

Un entretien de Chiara Groux. Identité sonore : Etienne Gratianette. Visuel de Une : Jeanne Menjoullet (creative commons).