Travailler suspendu·e au bout d’une corde n’est pas anodin, et iels entendent le faire savoir. Jeudi 13 janvier, une dizaine de cordistes se réunissaient dans un bar du 20ème arrondissement parisien, à l’appel du collectif Cordistes en colère. Conditions de travail, sous-traitance et accidents dramatiques : une profession à risque qui cherche à s’organiser pour défendre ses droits.

Nos invité‧es :

    • Charles Lanza est cordiste en activité depuis dix-sept ans. Il est également Opérateur et Formateur en travaux sur cordes, et instructeur professionnel certifié IRATA 3. Il est membre de l’association Cordistes en colère, cordistes solidaires
    • Solène Jarnot est intermittente du spectacle et cordiste depuis deux ans
    • Grégory Molina est cordiste en activité à Paris depuis six ans, il est l’un des fondateurs de l’association Cordistes en colère, cordistes solidaires

Cordiste : un métier à haut-risques, de plus en plus sollicité

À première vue, le métier de cordiste peut faire rêver. Quelque part entre Cliffhanger, Spiderman et La Vie au bout des doigts, la profession à de quoi alimenter les fantasmes. Pourtant, la réalité est tout autre. Perché·es en hauteur, on les appelle pour des travaux d’accès difficile, comme la couverture de Notre-Dame après l’incendie ou le nettoyage d’un tunnel de silo rempli de ciment. Ces dernières années, le nombre de cordistes a presque doublé. Impressionnant pour une profession si “jeune” (le premier décret encadrant le travail de ces professionnel·les de la hauteur date de 2004). Pourtant, le métier n’est pas sans risque.


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D’après l’association Cordistes en colère, sur près de 8 500 professionnel·les, 21 sont morts d’accidents du travail depuis 2006. Souvent exercé en intérim voire sous le statut d’auto-entrepreneur, la profession ne bénéficie ni de prime de risque, ni de code d’activité principale reconnue (APE). Aucun recensement officiel des accidents du travail n’existe donc. Pour défendre leurs intérêts, les cordistes ne bénéficient même pas d’organisation syndicale, ontrairement à leurs employeurs, qui se sont regroupés derrière le Syndicat français des entreprises de travail en hauteur (SFETH). C’est pour combler ce manque que l’association des Cordistes en colère, Cordistes solidaire est créé en 2018. Une association gérée par et pour les cordistes, fondée en mémoire de leurs anciens collègues décédés.

Un métier précaire, sans réelle formation à la gestion de risques

Bien qu’une législation existe depuis 2004, elle n’est que très rarement appliquée, et les contrôles sont rares. Dans les faits, c’est l’esprit permis qui règne. Un CQP1 Cordiste dans la poche (une vingtaine de jours de formation) suffit pour être employé·e. L’absence de niveaux de qualification et de cadre de travail clairs sont régulièrement pointés du doigt dans les accidents qui touchent le métier. Un flou juridique qui s’accompagne d’une grande précarité à différents niveaux. On impose souvent aux cordistes d’acheter leur propre matériel. Très souvent, les déplacements inhérents à la profession ne sont pas défrayés. Le logement non plus. Il n’est d’ailleurs pas rare que ces travailleur·ses des hauteurs dorment dans leur véhicule.

Alors que la multiplication des accidents mortels alertent sur l’encadrement des risques dans cette branche, le recours la sous-traitance n’a jamais été si fort ; et le contrôle des conditions de travail par l’État si faible. Alors avec nos invité·es, on prend de la hauteur dans Penser Les Luttes cette semaine. Comment mieux encadrer le métier ? Comment les cordistes s’organisent pour défendre les intérêts de leur profession ?

Animation : Tristan Goldbronn. Co-animation : Elin Casse. Production : Elin Casse. Réalisation : Tristan Goldbronn et Elin Casse. Visuel de Une : Nollaig Dipode.