Samedi 17 juillet, plus d’un millier de manifestant‧es ont défilé dans les rues de Persan et de Beaumont-sur-Oise pour demander « Vérité et Justice » dans l’affaire Adama Traoré. Une cinquième édition de la Marche Adama marquée par la récente relaxe de Bagui, son grand frère, mais aussi les décorations accordées à trois gendarmes mis en cause dans l’affaire.
Ce samedi 17 juillet, un millier de manifestant‧es défilent dans les rues de Beaumont-sur-Oise. Pour la cinquième fois, la foule réclame « justice » dans l’affaire Adama Traoré. Le 19 juillet 2016, le jeune homme décède dans l’enceinte de la gendarmerie de Persan, après son interpellation dans la commune voisine à Beaumont-sur-Oise. Depuis, chaque année, une marche commémore le drame. Le cortège est mené, comme chaque année, par Assa Traoré, sa sœur. Juchée sur un camion, elle guide le cortège sur les différents lieux symboliques de l’affaire. De l’appartement familial à la gendarmerie où ce dernier meurt, les souvenirs douloureux de la famille se transforment en colère.
Cette année particulièrement, la tension est grande. La veille de la manifestation, Mediapart révèle que trois gendarmes mis en cause dans l’arrestation d’Adama Traoré ont été décoré en 2019 pour « un engagement remarquable » et leur « détermination sans faille ». Au micro, Assa Traoré laisse éclater sa colère : « la France devrait avoir honte. On décore des gendarmes alors qu’un homme est mort ! »
« Pas de justice, pas de paix »
En cinq ans, la sœur d’Adama est devenue une icône de la lutte contre les violences policières. Elle dénonce inlassablement le « déni de justice » dont sa famille est victime. Pourtant, il y a enfin une victoire a célébrer ce 17 juillet. Bagui Traoré, jugé pour « tentatives de meurtre en bande organisée sur personne dépositaire de l’autorité publique », lors des émeutes qui ont suivi la mort de son frère, vinet de se voir relaxer. Il aura néanmoins passé plus de quatre ans de détention. « Cette année, c’est la première fois que tous les frères sont présents à la marche », célèbre Assa.
Plusieurs familles de victimes de violences policières se relaient également à la tribune. Une femme gilet-jaunes prend la parole. « On soutient aussi toutes les personnes qui ont subi un non-lieu après la mort d’un proche ou pour une main arrachée ». Une mère témoigne du tir de LBD reçu par sa fille de sept ans. Malgré la confrontation permanente avec l’institution judiciaire, les soutiens de la famille Traoré ne se découragent pas. « On ne reculera jamais, on ira jusqu’au bout » martèle-ils et elles. Un combat dont Adama Traoré est dévenu un symbole, mais qui dépasse son cas depuis longtemps.
Un nouveau complément d’expertise attendue
Avant la manifestation, le collectif annonce une avancée judiciaire de ce dossier interminable. Les juges ont demandé une nouvelle expertise sur l’affaire Adama au regard d’un nouvel élément : un arrêt maladie de 2014. Une étude dénoncée par le collectif Adama qui proteste « Nous n’avons même pas pu avoir accès aux éléments du dossier. Nous répondrons en conséquence, rendez vous le 31 août devant le tribunal ! » appelle Assa. Le 31 août marque en effet la date limite pour la publication de ce complément d’expertise.
Pour clôturer la marche, le collectif a dressé des tentes, des jeux gonflables , ainsi qu’une grande scène. Des artistes comme Wejdene, Youssoupha ou SDM était présent‧es témoignent de leur soutien en animant la fin de cette cinquième de la marche Adama qui ne sera, sans doute, pas la dernière à défiler dans les rues de Persan et Beaumont-sur-Oise.
Un reportage d’Esther Laudet. Photographies : Nabil Izdar pour Radio Parleur.
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