Au mois de juin, les élections régionales et départementales ont laissé peu de place à la protection de l’enfance. Pourtant, depuis 1983, les départements sont chargés des enfants placés via l’Aide Sociale à l’Enfance. Alors que l’Assemblée a adopté, jeudi 8 juillet, un projet de loi sur les enfants placés, nous recevons Lyes Louffok. Ancien mineur placé, il est l’auteur de l’essai Dans l’enfer des foyers (2014).
En tant qu’ancien enfant placé, Lyes Louffok est l’un des porte-voix de personnes que l’on entend peu. Membre du Conseil National de la Protection de l’Enfance, éducateur spécialisé, il a publié l’essai autobiographique : Dans l’enfer des foyers (2014).
Il dénonce un manque d’encadrement de la part de l’État, et des droits différents d’un département à l’autre. « Il y a autant de réalités que de départements. Quand dans les années 80, on a décidé de décentraliser cette politique publique et donc de donner cette compétence aux départementx, on a fait le choix d’un système de protection de l’enfance inégalitaire », dénonce Lyes Louffok. Concrètement, pour les enfants placés comme lui, « notre avenir dépend de notre lieu de naissance. D’un département à l’autre, la qualité de notre protection ne sera pas la même. »
«On est très déçu‧es de l’action du gouvernement »
Début 2019, l’État a répondu à certaines revendications en créant un secrétariat d’État chargé de la protection de l’enfance. C’est le député LREM Adrien Taquet qui obtient le poste. C’est lui qui porte le projet de loi relative à la protection de l’Enfance, adopté le 8 juillet 2021 par l’Assemblée nationale. Un texte qui comporte des avancées, mais qui reste « largement insuffisant » pour les acteurs et actrices de la protection de l’enfance.
La loi ne règle pas la question des « sorties sèches », des jeunes qui se retrouve éjectés du système de protection de l’enfance le jour de leur majorité. Autre question toujours sur la table, le manque de contrôles des foyers par des instances indépendantes. Ceux-ci permettraient pourtant de garantir la qualité du suivi et des prises en charges des enfants. Enfin, plusieurs propositions autour du droits des enfants notamment dans l’obligation d’être accompagné d’un avocat, sont restées lettre morte.
Des chantiers toujours sans solution et le sentiment d’une inaction chronique de l’État sur le sujet. « On attendait un peu plus de courage politique », lance l’éducateur. Avant d’ajouter : « quel drame national va-t-on devoir vivre pour enfin prendre des mesure concrètes ? »
Un entretien réalisé par Nabil Izdar, Photographie de Une : licence Creative commons via PXhere