XY Média est le premier média audiovisuel transféministe de France. Lancé il y a 4 mois, il connaît un succès qui a surpris jusqu’à ses créateur‧ices. Une preuve que la parole et l’analyse trans manquent encore dans le paysage médiatique.

Le projet a germé dans les têtes de personnes trans militant‧es, vidéastes, cinéastes ou encore journalistes. Ils et elles sont ainsi plus d’une cinquantaine a mûrir un projet : s’emparer d’une voix médiatique pour parler de ce qui les concerne. Les membres font le constat qu’aujourd’hui, 99 % des auteur‧ices de contenus sur la transidentité ne la vivent pas personnellement. Pourtant, dans le même temps, leur propre parole est invisibilisée. « Nous avons lu un énième article qui parlait des trans en ayant recours à des voix extérieures, à des experts, mais sans jamais nous donner la parole », raconte Elin membre de XY depuis les débuts, qui participe également à Radio Parleur. « Quand nous avons voulu en parler avec la journaliste, elle nous a lancé qu’on n’avait qu’à écrire nos propres articles nous-même…. et on l’a prise au pied de la lettre. »

Ce nouveau média a été créé en réaction à une situation jugée inquiétante au Royaume-Uni. Ses fondateurices expliquent en effet dans leur texte de présentation qu’ « une campagne médiatique quotidienne d’une violence inouïe, sur les pages de médias comme The Mirror, The Sun, The Guardian, The Telegraph ou sur les chaînes de la BBC, a eu pour résultat l’interdiction des bloqueurs de puberté pour les adolescent‧es trans. » Un événement très violent pour la communauté, qui appréhende une dérive semblable en France.

En vidéo, des témoignages, réflexions et points historiques

L’idée d’origine ? Réunir une rédaction de personnes trans pour informer et parler de sujets trans, et les rendre accessibles au plus grand nombre. Iels proposent donc des vidéos de 10 à 15 minutes réunissant témoignages, réflexions sur l’actualité et informations sur l’histoire des mouvements trans. Grâce au succès de la campagne de financement – 24 000 euros ont été récoltés en 48 heures, 69 000 à l’heure où nous publions ces lignes – la rédaction envisage maintenant de travailler sur des formats plus longs.

xy média collage transidentité
Collage durant la Pride radicale parisienne, le 20 juin 2021. Crédit : Alizée Cheboub pour Radio Parleur

Leurs premiers sujets sont déjà disponibles sur les réseaux sociaux et sur YouTube. On y retrouve des témoignages, comme celui de Rosalind, femme trans noire qui explique avec pertinence les relations entre genre et race qu’elle a pu observer au cours de sa transition. « C’est compliqué d’être dans plusieurs communautés. (…) En tant que femme, en tant que personne noire et personne trans, on est perçues comme étant plus ou moins des monstres de foire. »

Se réapproprier le discours médiatique

Le succès fulgurant de XY Media prouve qu’il y avait une réelle demande pour ce type de sujets. Une demande à laquelle les médias traditionnels répondaient mal. Pour l’instant, le lancement a été très bien reçu. « Beaucoup de gens nous ont manifesté leur reconnaissance. Il y a aussi des menaces et des harcèlements assez violents du côté de l’extrême droite, mais pour l’instant, nous arrivons à les modérer », se rassure Elin. La campagne de financement se termine à la fin du mois. Elle prévoit, avec les membres d’XY Média, de sortir de nouveaux contenus inédits pour cette dernière ligne droite.

XY Média est disponible sur Youtube, Facebook, Instagram et Twitter. La campagne de don est ouverte ici jusqu’au 30 juin.

Un article proposé par Alizée Chebboub.