C’est l’histoire d’un centre commercial géant prévu sur les dernières terres agricoles d’Ile de France. De cette situation de départ, le documentaire Douce France déploie l’enquête de trois jeunes du Val d’Oise. Ils et elles s’interrogent sur les alternatives à la bétonisation sans fin des terres et le futur qui attend leur génération. Une œuvre d’éducation populaire et politique qui sort en salle ce 16 juin et on en parle avec son réalisateur Geoffrey Couanon.

Europacity, c’était un projet de gigantesque complexe commercial dans le triangle de Gonesse, au nord de Paris. Au programme, des boutiques, des attractions et même une piste de ski indoor. Le projet a depuis été abandonné mais l’urbanisation de ce territoire du Val d’Oise est toujours dans les cartons. En face l’opposition est toujours vivace. Ine Zone à Défendre s’était même un temps installée pour dénoncer l’artificialisation de ces terres, dernière grande zone agricole d’Île-de-France.


Sur le même thème : À Gonesse, une ZAD aux portes de Paris


C’est dans ce contexte que prend place l’enquête de cette classe de Villepinte. Sami, Jennifer et Amina, les trois lycéen‧nes sont au cœur du documentaire Douce France. “Au départ, c’était des ateliers que l’on menait dans les lycées du Val d’Oise” explique Geoffrey Couanon. “On montrait les vidéos de communication d’Europacity. On proposait aux jeunes de réfléchir ensemble sur ce projet prévu à quelques kilomètres de chez eux

13. Festival Résistances - Photo 1 @ Cécile Pomier
Projection-débat au festival résistance de Foix en juillet 2019. Au micro, le réalisateur Geoffrey Couanon. Photographie : Cécile Pomier.

C’est au cours de ces interventions d’éducation populaire qu’est né le projet de documentaire. Un film qui suit l’enquête des jeunes pour questionner et comprendre les enjeux d’un grand projet comme Europacity. Un initiative qui, tout au long du film, renverse le côté descendant de l’information habituellement donnée aux citoyen‧nes sur ce type de projet. “Les personnes qu’ils et elles rencontrent, des élu‧es, le directeur du projet Europacity, des adultes… Ils sont bluffés, ils s’attendent pas à avoir des jeunes qui ont de la répartie comme ça

Un film et des projections pour “sortir des cercles de convaincu‧es” 

Depuis le début du projet, l’équipe de Geoffrey Couanon veut aussi lancer une dynamique de débat sur les enjeux que portent le documentaire. “On organise depuis des mois des ciné-débat“, explique le réalisateur. “On propose à des agriculteurs bio de débattre avec des directeurs de supermarché, à des élu‧es en faveur de ces grands projets de rencontrer des opposants...” Objectif : provoquer des rencontres entre des personnes qui “ne se parlent jamais” et faire avancer la discussion “au-delà des cercles de militant‧es
Le film sort en salle ce 16 juin, un défi en pleine vague de chaleur. Après des mois de fermeture, plusieurs centaines de productions vont débarquer sur les écrans. “On espère que du monde va aller voir le film dès les premiers jours. C’est pour ça qu’on encourage les gens à aller voir leur cinéma, leur lieux culturels et leur proposer d’organiser une projection“, explique Geoffrey Couanon. Ce film “on l’a pensé comme un support pour le débat et les gens sont en train de s’en emparer partout en Franc. On espère que la dynamique est lancée !”
Un entretien réalisé par Martin Bodrero. Douce France est à voir en salle dès ce mercredi 16 juin et vous retrouvez tout les infos sur les débats prévus sur le site du film.