Mardi 1er juin s’ouvrait au tribunal de Bar-le-Duc le procès de sept opposant‧es au projet d’enfouissement nucléaire Cigéo, à Bure. Ils et elles sont accusé‧es d’association de malfaiteurs dans le cadre d’une vaste et controversée enquête policière. Pour les militant‧es venu‧es de toute la France, c’est l’occasion rêvée de se rassembler et de montrer un visage uni.
Il est 8 heures place Saint-Pierre, sur les hauteurs de Bar-le-Duc, préfecture de la Meuse. D’un côté, le Tribunal de grande instance, et de l’autre la Maison d’arrêt. Au milieu, des militant‧es s’affairent autour de barnums. La journée débute par une séance de gymnastique musicale et colorée, qui réveille doucement la cinquantaine de personnes déjà présentes. Le ton est donné : la mobilisation autour du procès sera joyeuse et déterminée.
Le début de l’audience signe la fin d’une instruction qui commence en 2017. Le 21 juin de cette année-là, l’hôtel-restaurant Le Bindeuil est saccagé par une foule hétéroclite. Près de trois ans plus tard, sept prévenu·es sont renvoyé·es devant le tribunal correctionnel… pour d’autres faits. La justice leur demande de rendre des comptes sur une manifestation en août de la même année.
Une enquête très étrange qui abouti à des chefs d’accusation sérieux : « association de malfaiteurs en bande organisée », « détention d’engins explosifs ou incendiaires » et « violences », « organisation d’une manifestation non déclarée ». Ils risquent dix ans de prison. Le dossier, épais de près de 20 000 pages, révèle une enquête approfondie sur le mouvement anti-nucléaire. Pourtant, celle-ci débouche sur des éléments d’accusation plutôt ténus.
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Face à ce que les militant‧es qualifient de harcèlement policier et judiciaire, iels ont choisi de rétorquer en faisant le procès de Cigéo, le projet d’enfouissement nucléaire. Leur défense est collective et politique. Iels considèrent être les cibles d’une répression visant à museler les mouvements sociaux, et en particulier la lutte antinucléaire.
Un procès qui revivifie la lutte antinucléaire à Bure
En dehors de la salle d’audience, associations, collectifs et particuliers sont nombreux à avoir répondu à l’appel. La Confédération paysanne vend des bières dont les noms retracent l’histoire de la lutte. A côté, le stand de maquillage ne désemplit pas. Une boulangerie mobile propose du pain cuit sur place, à prix libre. Les Bure’lesques et les Rayonnantes sont annoncées pour cet été. Amnesty international, le réseau Sortir Du Nucléaire et Greenpeace offrent de la documentation. Toutes les composantes de la lutte sont présentes.
Dans l’après-midi, 900 personnes participent à une manifestation violette et pailletée qui s’étire en musique dans les rues de Bar-le-Duc. Depuis les mobilisations des Bombes atomiques de 2019, le mouvement antinucléaire est devenu aussi queer et féministe.
Un reportage de Lou Bonnefoy et Martin Duffaut. Article : Lou Bonnefoy, Martin Duffaut et Violette Voldoire. Photo de Une : Martin Duffaut pour Radio Parleur.
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