émission loi sécurité globale

Loi Sécurité globale : la folie de la surveillance ? – Penser les luttes

Les sénateurs à l’intérieur, les opposant·es à l’extérieur. Mardi 16 mars, le Sénat a commencé l’examen de la loi Sécurité globale. La coordination opposée à ce texte, rassemblée devant le Palais du Luxembourg a accueilli Radio Parleur et Reporterre pour un Penser les Luttes en direct, et en public. Au menu : la multiplication des outils de contrôle des populations et la privatisation de la police.

Dans la loi de Sécurité Globale, il y a foule de nouvelles dispositions pour mieux surveiller. Pour les hommes qui surveillent, d’abord, à travers le développement des prérogatives et de l’armement des entreprises de sécurité privée. Ensuite pour développer les technologies de surveillance.

En France, la sécurité privée représente près de 170 000 personnes. Des vigiles aux polices privées, ce secteur se porte déjà très bien. Mais grâce à la loi Sécurité Globale, sa prospérité est assurée. L’autre jambe de ce marché en pleine expansion, c’est celle des technologies qui entrent peu à peu dans l’arsenal sécuritaire. Drones, reconnaissance faciale, analyse instantanée des mouvements de foule… mal encadrées jusqu’ici, ces technologies doivent se déployer très bientôt, à la faveur d’un événement planétaire : les Jeux Olympiques de 2024.

Dans une première partie, Marie Astier de la rédaction de Reporterre creusera cette question des technologies de surveillance : Surveiller tout le monde, partout, tout le temps : le rêve des Jeux Olympiques de Paris 2024 ?

Nos invité‧es :

  • Natsuko Sasaki, du collectif d’opposition Saccage 2024
  • Arthur Messaud, juriste à La Quadrature du Net
  • Olivier Tesquet, journaliste à Télérama et auteur du livre État d’urgence technologique.

Dans la deuxième partie de ce Penser les luttes, Laury-Anne Cholez, journaliste chez Reporterre, aborde l’épineuse question de la délégation de missions de police au privé : polices privées, la folie des grandeurs ?

Nos invité‧es :

  • Sarah Massoud, secrétaire nationale du Syndicat de la magistrature
  • Fabien Bottini, enseignant-chercheur en Droit public à l’Université du Havre
  • Anthony Caillé, enquêteur à la police judiciaire et secrétaire national du syndicat CGT-Intérieur

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La surveillance, un enjeu politique … et économique

Les technologies de surveillance ont besoin d’une invitation pour s’inviter dans nos vies, et s’y installer. Les JO de 2024, événement ultra sécurisé, représentent ainsi un terrain rêvé pour le politique qui souhaite mettre en place ces outils de surveillance.  « On l’a observé aux JO de Pékin en 2008 et plus récemment à la Coupe du monde de foot, en 2018. C’est l’occasion pour les industriels et les gouvernements de déployer et tester ces technologies. C’est d’ailleurs écrit noir sur blanc dans le livre blanc de la sécurité intérieure publié par le ministère de l’Intérieur », explique le journaliste Olivier Tesquet.

Or si ces technologies n’ont pas toutes fait les preuves de leur efficacité, elles entament bel et bien les libertés publiques. Sous couvert d’un flou juridique, la loi dite de Sécurité globale veut pourtant en faciliter les usages par la police. Arthur Messaud y voit un faux problème. « La droite et les régimes autoritaires développent souvent le mythe selon lequel il y aurait une zone grise, un flou juridique, autour de l’utilisation de ces technologies. C’est faux ! Les drones, par exemple, la loi les encadre de façon très claire : ils sont interdits. »

Quant aux entreprises de sécurité privée, dont les missions seront étendues grâce à la loi de Sécurité globale, elles n’ont pas non plus fait la preuve qu’elles étaient plus efficaces que la police. Pour Fabien Bottini, un enjeu économique se cache derrière cette sous-traitance en cascade : « L’objectif officiel de la loi est de faire des acteurs privés un maillon essentiel du continuum de sécurité dans le pays. Mais derrière, il y a un objectif officieux :  faire de ce marché un gisement de revenus pour l’État. »

Une émission présentée par Violette Voldoire, Marie Astier et Laury-Anne Cholez. Production : Violette Voldoire, Marie Astier et Laury-Anne Cholez. Réalisation : Etienne Gratianette. Photo de Une : Nnoman Cadoret pour Reporterre.

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