« Le féminisme n’a jamais tué personne, le patriarcat tue tous les jours » est sûrement l’un des slogans les plus repris au sein des mouvements féministes majoritaires. Dans La Terreur Féministe, l’autrice Irene nous invite à repenser l’usage de la violence par les féministes à travers plusieurs portraits de femmes ayant fait usage de la violence contre leurs oppresseurs.

Ce podcast contient des mentions de féminicides, de viols et de violences sexuelles.

Irene (prononcer -Iréné-) est autrice et militante féministe. À seulement 22 ans, elle publie le 12 février dernier, aux éditions Divergences, « La Terreur féministe, petit éloge du féminisme extrémiste ». L’autrice nous amène à voir comment « face à un système qui maltraite et peut aller jusqu’à tuer les femmes, riposter avec violence est vital, légitime et nécessaire. Car oui, le féminisme a bel et bien commis des crimes, et c’est tout à son honneur. »

Irene a depuis plusieurs années transformé son compte Instagram ouvert sous le pseudo «Irenevrose » en un espace riche de pédagogie populaire autour du féminisme et de l’anarchisme. Elle a aussi participé au lancement du mouvement des collages contre les féminicides, en 2019.

La violence des féministes et la peur qu’elle inspire

On ne compte plus les commentaires désolés de journalistes, de femmes et d’hommes politiques et de commentateur·ices de l’actualité, navré‧es de voir que les manifestations dégénèrent. Reproche qui a l’avantage d’éluder le phénomène de la violence politique, et de délégitimer les mouvements sociaux. Irene veut retourner le stigmate. D’une part car cette violence n’est pas le domaine réservé des hommes qui luttent : « Les suffragettes tapaient des flics et jetaient des pavés aux fenêtres de ministères au début du 20e siècle‧. Alors qu’on arrête de nous dire que le féminisme, c’était mieux avant. »


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D’autre part car « faire peur au patriarcat et aux hommes cis, cela me paraît normal si on veut obtenir quoique ce soit.» La violence féministe devient alors un outil d’action politique, indispensable si l’on considère que la fin des privilèges ne peut s’obtenir en demandant poliment.

L’autre aspects essentiel de la violence féministe décrite par Irene est celui de la survie. Le monde patriarcal est hostile et brutal.« Lorsqu’une femme tue son mari après des années de violences conjugales, on lui répète souvent qu’elle aurait pu faire autrement. Mais quels autres moyens existent-il lorsque la justice, la police, la société tournent le dos face à ces violences ? »

Entretien réalisé par Léone Laali. Photo de Une: Irene.