En 2018, Radio Parleur s’est rendu au McDonald’s de Saint-Barthélémy, dans les quartiers Nord de Marseille, pour suivre le mouvement de résistance des salarié·es face au plan de vente de ses propriétaires. Depuis, la situation a beaucoup changé. Face à la crise sanitaire, l’ancien McDonald’s placé en liquidation s’est transformé en plateforme de distribution alimentaire. Aujourd’hui les usager·es du lieu veulent pérenniser l’action en créant un fast-food solidaire.
Ce 19 décembre, le restaurant McDonald’s de Saint-Barthélémy à Marseille n’est plus tout à fait le même. Le toit est repeint en bleu et rose, l’enseigne a disparu et un nouveau panneau trône désormais : celui de « L’après M » — comprendre « L’après Mcdonald’s ». Un des bénévoles qui arrive en même temps que nous ne cache pas son enthousiasme « C’est magique ! Il y a deux jours c’était tout marron, tout moche. Là, quand on passe, on voit un lieu de vie, une pépinière ! »
Un restaurant McDonald’s transformé en plateforme d’entraide solidaire
Certes l’enseigne a disparu, mais sur place difficile d’ignorer l’empreinte de la marque. Le drive, les tables, jusqu’aux bruits provenant des cuisines : McDonald’s est encore partout. Mais ici on aimerait tourner cette page. Kamel Guemarri, syndicaliste, ancien salarié du restaurant et leader du mouvement s’offusque presque lorsqu’on en prononce le nom : « Je préfère qu’on parle de l’après M plutôt que du Macdo, j’y met un point d’honneur parce que la lutte a duré très longtemps. »
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Au menu de l’ancien fast-food qui surplombe les immenses barres d’immeubles du 14e arrondissement : distribution de burgers végans et bios à prix libre, concert et animations pour les enfants. Ces derniers jours, l’activité des bénévoles était entièrement dédiée à cette journée de distribution de hamburgers. Mais la détresse n’a pas disparue et le McDo de Saint-Barthélémy reste un espace dédié à l’aide alimentaire d’urgence. Fathi Bouaroua, le président de l’association « Après » revient sur la mission du lieu : « Aujourd’hui on a plein de classe moyenne et de bobos. (…) Mais si vous venez le lundi, vous verrez, il y aura 500 personnes a attendre leur colis. » Ce jour-là d’ailleurs, trois femmes venues pour recevoir un colis alimentaire ont dû repartir. « Revenez lundi », leur ont glissé les bénévoles.
Pérenniser un projet de fast-food social en lieu et place d’une multinationale
Tourner la page du McDonald’s en le transformant en un fast-food coopératif d’utilité publique, voilà le projet des bénévoles de Saint-Barthélémy. Les ancien·nes salarié·es et les bénévoles demandent la cession du restaurant pour 1 euro symbolique, ce qui n’est pas gagné. Mais face à la multinationale qui est encore loin d’abandonner, Kamel Guemarri se veut d’un optimisme sans faille : « Comme on dit : à cœur vaillant, rien d’impossible. »
Reportage de Samuel Bernard. Photo de Une : Samuel Bernard pour Radio Parleur.
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