Elles ne lâcheront rien. Les femmes de chambre de l’Ibis Batignolles sont en grève depuis le 17 juillet 2019. Elles réclament de meilleures conditions de travail et leur internalisation par l’hôtel pour lequel elles travaillent. Depuis, elles n’ont toujours pas obtenu gain de cause. Elles vont prochainement déposer une plainte contre leur employeur et le groupe Accor.

Mercredi 23 septembre, 19h. Une dizaine de femmes de chambre, ainsi que leurs soutiens entrent dans le hall du Novotel de Paris Les Halles. « Chers clients du groupe Accor, dans cet hôtel et comme à l’hôtel Ibis des Batignolles, les femmes de chambre sont payées des miettes et réduites à une situation d’esclavage », scande Tiziri Kandi, animatrice syndicale de la section CGT Hôtels de prestiges et économiques. Il·elles sont une vingtaine au total devant le regard interrogatif des client·es de l’hôtel. La musique « Frotter, frotter » retentit dans tout le hall.

Cela fait maintenant 14 mois que les femmes de chambre de l’Ibis Batignolles luttent pour des conditions de travail décentes. Elles dénoncent notamment des cadences trop élevées. Actuellement employées par le sous-traitant STN, elles souhaitent être internalisées au sein du groupe Accor (propriétaire du groupe Ibis).

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Des négociations étaient prévues en mars. Mais le coronavirus a joué en leur défaveur et tout a été annulé. Depuis, plus de nouvelles. « Ils pensaient que les femmes de chambre allaient laisser tomber le combat. Mais aujourd’hui, on dit au directeur du groupe Accor qu’on ne lâchera rien », affirme Rachel Keke, gouvernante depuis 17 ans.

Une plainte bientôt déposée

« Cette lutte est aussi longue car nous sommes des femmes racisées. Ils veulent que l’on travaille comme nos parents l’ont fait et ne pas nous payer correctement », ajoute Rachel Keke. Les syndicats qui soutiennent cette lutte se préparent à déposer prochainement une plainte contre le groupe Accor et le sous-traitant STN pour discrimination raciale à l’embauche. Elle s’appuie sur des observations de l’inspection du travail et des études du gouvernement. Mais surtout sur l’affaire de viol présumée de l’une des femmes de chambre par l’ex-directeur de l’hôtel Ibis Batignolles en 2017.

A l’heure actuelle, ces travailleuses sont au chômage partiel. Elles mettent donc en place des actions comme des envahissements d’hôtels ou des rassemblements pour continuer leur lutte. Dès la fin de leur chômage partiel, elles souhaitent reprendre leur piquet de grève.

Un reportage de Morgane Moal. Photo de Une Morgane Moal pour Radio Parleur.