Politologue de formation, militante antiraciste et écologiste, Fatima Ouassak publie La puissance des mères, un essai visant à réhabiliter le pouvoir politique des mères, notamment celles de quartiers populaires.
Le travail de Fatima Ouassak décloisonne les questions écologiques, féministes et antiracistes. Elle représente ce nouveau souffle du militantisme, qui embrasse les luttes de façon holistique. Dans ce contexte, elle a cofondé en 2016 avec Diariatou Kebe, le Front de Mères. Ce « syndicat de parents » vise à se défendre contre les discriminations que subissent les enfants des quartiers populaires et/ou issu·es de l’immigration. Elle s’est aussi battue pour imposer l’alternative végétarienne à la cantine, aux côtés de parents de Bagnolet, où elle vit. La Puissance des Mères s’inscrit dans la continuité du travail syndical mené depuis la création du Front des Mères. L’autrice s’interroge : comment devenir un sujet politique capable protéger ses enfants, notamment quand ceux-ci sont de potentielles victimes du racisme institutionnel ? Pour y répondre, la politologue évoque notamment son vécu personnel, en tant que mère de deux enfants. Un vécu qu’elle rapproche des oppressions systémiques qui touchent les mères, ce groupe social particulièrement hétérogène et dense.
La transmission : un outil politique
Fatima Ouassak dénonce dans le livre, comme dans le manifeste fondateur du Front de Mères, l’effet dévastateur du racisme sur la santé mentale des enfants. En effet, on estime qu’ils et elles prennent conscience de la hiérarchie raciale de nos sociétés dès l’âge de deux ans et demi. Riche d’anecdotes personnelles, l’ouvrage insiste également sur l’importance de la transmission, et donc de l’école. La militante antiraciste soutient que l’institution scolaire peine à reconnaître les héritages socioculturels des enfants issu·es de l’immigration. Afin de lutter contre ces dérives, Fatima Ouassak recommande l’organisation en collectif et l’ancrage local.
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L’autrice cite dans son essai une étude de l’Éducation Nationale réalisée en 2016, qui met en exergue les discriminations opérant à l’école. Elle explique que « l’école ne forme pas un bloc homogène. C’est une institution traversée par des rapports sociaux de domination, à l’intérieur de laquelle on peut trouver des interlocuteurs malgré tout ». Loin de réduire les femmes à leur condition de mères, elle rappelle à ses détracteur·ices – qui l’accusent d’essentialiser la maternité – son ancrage féministe pro-choix. Cet essai, construit comme un véritable manuel de résistance, part en réalité d’une approche matérialiste. En effet, à l’heure actuelle, les femmes se chargent de la majorité des tâches concernant les enfants. Par conséquent, elles qui devraient pouvoir assumer la majorité des décisions qui les impliquent. Un combat pour l’égalité qui reste encore largement à mener.
La Puissance des mères est paru le le 27 août dernier aux éditions La Découverte
Un entretien réalisé et présenté par Sarah Belhadi. Photo de Une : Pierre-Olivier Chaput pour Radio Parleur.
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