Lundi 11 mai 2020. La date en angoisse plus d’un・e, notamment celleux qui reprennent le travail. Beaucoup ne se sont jamais arrêté・es, et sur elleux, la pression est intense. Petites mains des services publics, de la consommation, du soin, du transport, ouvrier・ères du privé… leurs colères ne datent pas d’hier, mais elles ont aujourd’hui une autre visibilité. Le collectif Covid-Entraide propose une cartographie de la colère au travail.
Le manifeste du collectif Covid-Entraide
NB : La carte des colères au travail est une carte participative, dont les informations sont récoltées et recoupées par des membres du réseau Covid-entraide, sur la base de sources syndicales, salariales, et journalistiques.
Construire une vue d’ensemble des colères et des résistances dans le monde du travail depuis le début de la pandémie du Covid-19 : voilà l’objectif premier de cette carte interactive en ligne. Pensée et alimentée, au départ, par le travail de quelques un.es, cette carte se veut désormais participative, elle appartient donc à toutes celles et tous ceux pour qui elle est utile. Elle a vocation à être appropriée par le plus grand nombre et c’est pour cela, qu’en l’état, elle ne saurait prétendre à l’exhaustivité. Si vous constatez qu’un conflit dont vous avez connaissance n’y figure pas, n’hésitez pas à l’enrichir par vous-mêmes. Une équipe de modérateurs et de modératrices validera les publications au fur et à mesure, afin de s’assurer qu’elles ne mettent pas en danger des équipes syndicales ou des collectifs de travail face à leur direction.
Une caisse de résonance des luttes dans le monde du travail : une priorité face au covid19 ?
Durant cette crise sanitaire, tout le monde a entendu parler des secteurs essentiels comme la santé ou la grande distribution, où les travailleurs et travailleuses ont été envoyé.es “en première ligne”, sans protection ni tests. On a aussi beaucoup parlé des grosses entreprises comme Amazon (par ailleurs condamnée définitivement par la justice) ou des secteurs clés comme la construction, l’automobile ou encore l’aéronautique. Soit parce que les entreprises ont cherché à maintenir à tout prix leurs activités, soit parce qu’au contraire elles se sont momentanément arrêtées.
Des inquiétudes, parfois des résistances, ont surgi de manière spontanée et diffuse, ne permettant pas une vue d’ensemble de ce qu’on pourrait pourtant qualifier de “mouvement social”. Il a donc semblé indispensable de faire part de ce phénomène, que ce soit dans la presse locale et régionale en rendant compte d’inattendus grèves et débrayages (les Papeteries Allard ou encore Saverglass n’en sont que des exemples parmi tant d’autres) ou dans la presse spécialisée, à travers des portraits, des enquêtes ou des reportages. Mais rien, à notre connaissance, ne permettait de relever le nez et de penser ce phénomène à une échelle plus large. Grâce à cette carte des colères au travail c’est désormais chose faite !
Et quel meilleur jour pour rendre ce nouvel outil public que le 1er mai, journée internationale des luttes des travailleuses et des travailleurs ? Alors que nous sommes encore officiellement confiné-es et que la liberté de manifester dans la rue est suspendue, c’est probablement la première année depuis longtemps que la France et de nombreux autres pays ne connaîtront pas les traditionnels défilés syndicaux du Premier Mai. Publier cette carte aujourd’hui est aussi une manière de faire vivre cette date symbolique dans ces conditions particulières.
Préparer le jour d’après !
Enfin, cette carte a pour objectif de visibiliser les résistances d’aujourd’hui qui alimenteront forcément celles de demain. Elle s’inscrit dans un ensemble d’initiatives et de réponses formulées par celles et ceux d’en bas face à la crise sanitaire et aux choix désastreux qui sont faits par l’exécutif et le patronat. Il s’agit de penser dès maintenant un plan plus global de riposte face à la situation, notamment en vue de préparer l’immédiat “déconfinement” et les crises économique, sociale, alimentaire et évidemment sanitaire qui se profilent.
Cette carte des colères au travail est à retrouver sur le site du collectif Covid-Entraide