Un acte 53 pour marquer “1 an de colère”. C’était la promesse des Gilets Jaunes pour ce weekend du 17 novembre. Dans toute la France, entre 28 000 et 39 000 personnes ont tenté de manifester samedi. Une journée marquée par les violences et des mobilisations rendues, une nouvelle fois, impossibles par la répression policière.

L’objectif était clair : ce weekend du 17 novembre devait “faire renaître la révolte”. C’était le cœur des messages postés sur le réseau social Facebook par les groupes de Gilets Jaunes. Tout la semaine, les appels ce sont multipliés sur les réseaux sociaux et dans les canaux de discussion utilisés par les actrices et acteurs du mouvement.

A Paris, lors de l’acte 53 des Gilets jaunes. Photo Pierre-Olivier Chaput pour Radio Parleur.

À la même date, en 2018, l’acte 1 avait réuni près de 300 000 personnes partout en France. 365 jours plus tard la mobilisation s’est largement réduite. Les causes sont multiples : lassitude, usure mais aussi la peur, causée par la répression policière.

Des Gilets Jaunes moins nombreux mais toujours bien présents

Autant de raisons d’essoufflement qui n’empêchent pas cette mobilisation historique d’être toujours bien vivace. Des défilés se sont déroulés dans de nombreuses villes de France comme Lyon, Toulouse, Périgueux ou Lorient. De même, plusieurs rond-points ont vu revenir des Gilets Jaunes hier samedi mais aussi ce dimanche 17 novembre comme à La Ciotat dans les Bouches-du-Rhône ou encore à Pont-de-Beauvoisin. Dans cette commune du nord de l’Isère, un rassemblement était organisé en hommage à Chantal Mazet, un an après la mort de cette femme de 63 ans, décédée le premier jour de la mobilisation après avoir été renversée par une voiture.

A Paris, lors de l’acte 53 des Gilets jaunes, samedi 16 novembre. Photographie Pierre-Olivier Chaput pour Radio Parleur.

A Paris, une manifestation d’abord autorisée puis transformée en nasse géante

Dans la capitale, samedi, la situation s’est tendue en fin de matinée. Porte de Champerret, un premier cortège a tenté de bloquer le périphérique avant d’être expulsé par la police. C’est ensuite place d’Italie que plusieurs affrontements se sont déroulés.

“c’est pas la fête d’une victoire mais c’est la célébration de l’endurance” explique une femme en gilet jaune présente sur la place.

Le lieu devait être le point de départ d’une manifestation déclarée et autorisé par la préfecture. Vers 13h, pourtant, les organisatrices et organisateurs reçoivent un coup de téléphone “ils annulent l’autorisation” lance Faouzi Lellouche scandalisé. Des propos relayés par Dan Israel, journaliste pour Médiapart

En conférence de presse, le préfet de police de Paris, Didier Lallemant, se justifie : “la tournure des événements m’a conduit à interdire cette manifestation” et à la “fixer” sur la place. Ces ”événements” pointés par le préfet, ce sont des barricades, des feux de poubelles et plusieurs voitures renversées aux abords de la place d’Italie.

Rapidement, ce qui devait être le départ d’une manifestation autorisée se transforme en une nasse géante. Le gaz lacrymogène est partout, les grenades de désencerclement sont largement utilisées et les charges policières s’enchaînent. De nombreux témoignages de manifestant.es racontent les heures de blocage sur la place vécues par celles et ceux qui souhaitaient défiler ce samedi 16 novembre. Sur le réseau social twitter, l’historienne Mathilde Larrère fait le récit de cet après-midi de peur et de violence.

Samedi soir, à Paris, charges policières à Châtelet et occupation dans le XXème arrondissement

À Paris, la soirée de samedi s’est terminée par des échauffourées dans le quartier des Halles. Présent sur place notre journaliste Tristan Golbronn a assisté à plusieurs charges et matraquages de la part de la police.

Autre événement à retenir, l’occupation, toujours en cours, de l’ancienne salle de concert de la Flèche d’or dans le XXème arrondissement. Plusieurs dizaines de Gilets Jaunes accompagnés de membres du mouvement climat Extinction Rebellion et de multiples collectifs alternatifs parisiens souhaitent transformer le lieu en une “maison des peuples”. Ce dimanche, a vu aussi une occupation temporaire des Galeries Lafayette comme le rapporte le journaliste Nicolas Mayart.

Lors de l’acte 53 des Gilets jaunes, le samedi 16 novembre 2019, un homme est violemment arrêté boulevard Magenta à Paris, après avoir demandé le RIO (identifiant) d’un policier. Photo Pierre-Olivier Chaput pour Radio Parleur.

Alors que ce weekend touche à sa fin, le nombre de personnes blessées samedi reste vague. Les autorités annoncent trois blessés légers dont 2 parmi les forces de l’ordre. Un chiffre sans doute en dessous de la réalité. Deux journalistes ont, notamment, été blessés ce samedi à Toulouse et Paris. Plusieurs cas de blessures aussi ont été constatés par nos journalistes présents dans la manifestation parisienne.

Dans un entretien accordé ce dimanche, le ministre de l’intérieur Christophe Castaner dénonce lui la mobilisation de “voyous” qu’il oppose à un  “mouvement d’origine” avec des demandes “légitimes”. Concernant les rassemblement à Paris ce samedi, il conclut: “c’est peu de manifestants mais des voyous, des brutes, qui étaient venus pour se battre, en découdre avec les forces de l’ordre”. 

Un reportage réalisé par Etienne Gratianette et Romane Salahun avec l’aide de Martin Bodrero et de la rédaction de Radio Parleur. Photographies par Pierre-Olivier Chaput

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