Sauvage : c’est le titre du prochain album du rappeur L’1consolable, qui fait actuellement l’objet d’un appel à précommande. Entretien avec un artiste iconoclaste et résolument politique. Au programme : Antispécisme, samples, Parkour, Gilets Jaunes et…Une Panthères des neiges.

Ce nouvel opus, déjà le treizième de l’artiste depuis 2011, explore le rapport de l’humain à la notion de sauvage. Au singulier d’abord, notamment dans les morceaux Loin du bruit, Hurler avec les loups, dans lesquels L’1consolable interroge notre relation à notre environnement et à ses habitant·es non-humain·es, les animaux. Au pluriel également, lorsque le mot de “sauvages” sert à tracer les frontières de la civilisation et exclure ceux qui n’ont font pas partie. C’est l’objet des morceaux Fleur du bitume et surtout Gilets Jaunes, Colère noire et Manu Militari. Adepte une forme volontairement old-school, faite de boom-bap, de samples et d’un flow ayant souvent recours aux allitérations typiques du Hip-Hop des années 1990. Dans ses paroles, l’1consolable scande sa révolte, ses espoirs, mais aussi la mélancolie répétitive d’Un jour sans fin.

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Le choix d’une forme à rebours des standards actuels du rap ne sort pas de nulle part. Malgré un premier album sorti en 2011, l’artiste a participé activement à la genèse du hip-hop en France. Ses références musicales actuelles (JP Manova, Rocé, La Rumeur, …) y trouvent leur sources. “J‘ai commencé le rap à 12 ans, au moment où tout le monde rêvait de signer pour des grosses maisons de disque … et revenait déçu“. Lui, a pris une autre route : “à 24 ans, j’ai décidé que je ne travaillerai plus jamais, ça m’était insupportable”. “Quand je rentrais de l’usine, j’étais crevé, ça me dépossédait de ma capacité créatrice. (…) Tout ce que j’avais envisagé de faire de ma vie m’échappait”.

C’est le point de départ d’une remise en question profonde de son mode de vie, de ses désirs et de ses besoins de consommation. Aujourd’hui, Naïm de son véritable prénom, vit chichement. “Ca n’a jamais été une frustration, parce que le plaisir d’une liberté retrouvée, c’était une joie beaucoup trop grande pour être comparée à celle d’avoir le dernier gadget à la mode“.

De manière cohérente, l’1consolable assume un engagement militant marqué à gauche dont la filiation remonte bien avant le mouvement contre la loi travail en 2016. Il est présent en manifestations le samedi avec les Gilets Jaunes, lutte contre toutes les formes de domination, notamment spéciste. Il s’engage contre les violences de la police et le mépris social. Les thèmes de l’album font écho à sa pratique militante, et inversement.

Un personnage à part dans le “rap game” français et une oeuvre à soutenir avec ce “Sauvage”, album disponible en pré-commande jusqu’au 17 novembre. 

Un entretien réalisé par Diego Acuña Marchant et Antoine Laurent-Atthalin

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