Au lendemain d’une journée de mobilisation historique pour la justice climatique, une nouvelle “marche pour le climat et la justice sociale” battait le pavé ce samedi 21 septembre partout en France. Entre les militant-es climat et les Gilets Jaunes, la convergence tant attendue s’est faite dans la douleur.

Des jardins du Luxembourg… aux jardins du Luxembourg. La marche climat s’est disloquée bien avant d’atteindre le parc de Bercy, son objectif final. Ce samedi 21 septembre, la marche démarre près du grand jardin parisien vers 14h. Quelques dizaines de minutes après le départ de la manifestation, un cortège de tête se forme. Plusieurs centaines de manifestant-es habillé-es de noir, certain-es portant des gilets jaunes, s’attaquent aux vitrines d’une banque. Les policiers présents en masse interviennent immédiatement, coupant la manifestation en deux à coup de gaz lacrymogène et de grenades de désencerclement. C’est la confusion.

Greenpeace et Youth For Climate, les associations organisatrices appellent rapidement à la dispersion, affirmant que “les conditions d’une marche non violente ne sont pas réunies”. Elles ont ensuite pointé du doigt “des violences” commises “pas par manifestants climat”. A noter que du côté de Youth For Climate, le groupe parisien monte au créneau sur les réseaux sociaux pour dédire les appels à se retirer de la marche. Vers 18h, un rectificatif sur le compte national de l’organisation appelle à “une convergence avec les Gilets Jaunes”, l’ONG invoquant “une erreur de communication”.

Une convergence dans toutes les têtes, difficile sur le terrain

Quelques heures plus tôt, la marche avait pourtant bien démarré. Sylvie, Gilet Jaune depuis le 17 novembre, y croyait dur comme fer : “aujourd’hui ça commence vraiment la convergence, on commence à comprendre qu’on est dans la même bataille.” Plusieurs dizaine de milliers de personnes sont rassemblées, 15 200 selon le cabinet Occurence mandaté par plusieurs médias, 50 000 selon les organisateurs. Un texte co-signé par plusieurs groupes de Gilets Jaunes, d’Extinction rébellion ou de Youth4Climate appelle à une convergence de la marche pour le climat avec celle des Gilets Jaunes.

Ce n’est pas la première fois que Gilets Jaunes et écologistes expriment le souhait de marcher main dans la main. Pourtant, leurs mobilisations se tournent le dos. Au petit matin, les Gilets Jaunes tentent sans succès d’occuper les Champs-Elysées, pendant que la marche climat vise le parc de Bercy, à l’autre bout de la ville. À la tribune, l’un des organisateurs déclare : “c’est une rentrée sociale particulière, on veut rappeler que les Gilets Jaunes ont toute leur place. […] Il faut juste respecter le consensus d’action non-violente.

Le consensus se fracasse sur la question des violences

La répression policière et la formation du cortège de tête font passer au second plan ces initiatives en faveur de la convergence. Encore une fois la question de la violence brise l’unité de façade. La réaction très rapide des ONG organisatrices et l’appel à la dispersion ravivent les divisions constatées lors du contre-sommet du G7 à Biarritz fin août. Dans les cortèges, un peu perdus après l’ordre de dispersion, de nombreux militant-es pour le climat sont encore présent-es mais leurs slogans ont laissé place à ceux des Gilets Jaunes qui eux n’ont pas quitté la manifestation. Benoît fait partie de ceux-là. Il est déçu par l’attitude des organisateurs. “Ils nous prennent vraiment pour des blaireaux. Moi je suis chercheur au CNRS, et j’ai pas l’impression d’être un blaireau.

Une partie de la marche est parvenue à atteindre le parc de Bercy, à 19h des échauffourées sont toujours en cours entre policiers et manifestants. Suivez l’évolution de la situation sur notre compte twitter : @radioparleur

Un reportage réalisé par Augustin Bordet et Martin Bodrero