Le 24 avril, la Société Louise-Michel a organisé une conférence sur l’arrivée au pouvoir de Jair Bolsonaro au Brésil. L’extrême droite qui, avec lui, a accédé à la tête de la nation a pour objectif de remettre en cause la construction démocratique du pays.

Mercredi 24 avril, le Lieu Dit (Paris XXe) a accueilli une conférence organisée par la Société Louise-Michel. Elle a eu pour objet la montée de l’extrême droite au Brésil, et le tournant qu’a constitué l’élection de Jair Bolsonaro à la tête du pays.

Les limites de l’ère post-dictature

L’arrivée au pouvoir de l’extrême droite vient couronner l’échec de la construction démocratique au Brésil. De la fin de la dictature, en 1985, jusqu’à la destitution de Dilma Rousseff, en 2016, les gouvernements successifs n’auront pas réussi à proposer une alternative au modèle économique en place. Ils ont aussi laissé intact le récit d’unité nationale qui s’était instauré à la fin du régime militaire.

C’est dans les failles de cette construction nationale que Bolsonaro et l’extrême droite auraient trouvé un terrain fertile. Les minorités ethniques et les personnes LGBTQI+, notamment, souffriraient de la faiblesse des droits qui les visent spécifiquement. Les conquêtes obtenues pendant le mandat de Lula, par exemple, auraient été trop timides. Le gouvernement Bolsonaro justifie aujourd’hui leur remise en cause par l’idée qu’elles seraient à la fois trop importantes et non méritées.

«Dilma [Roussef] n’a pas su trouver une sortie par la gauche. Au contraire, elle a intensifié le dispositif répressif […], mettant en évidence l’incapacité gouvernementale à conclure un nouveau pacte politique.»

Bolsonaro au sein du paysage international

L’élection de Bolsonaro s’inscrit d’autre part dans une tendance mondiale. Des Etats-Unis au Japon, des coalitions réactionnaires sont arrivées au pouvoir ces dernières années. Des facteurs conjoncturels – la crise économique de 2008, la relative impuissance de la gauche, les contradictions de la globalisation néolibérale – y ont certes contribué. La place que les fake news y ont joué semble également particulièrement importante.

Cependant, l’extrême droite brésilienne aurait aussi des caractéristiques qui ne seraient pas présentes, par exemple, dans les courants européens. L’appui sur un discours de lutte contre la corruption, bien qu’elle reste rhétorique, figure comme une spécificité brésilienne.

Invité·es

  • João Paulo Castro, anthropologue travaillant sur les politiques mémorielles et la violence d’Etat
  • Michael Löwy, sociologue et directeur de recherche émérite au CNRS
  • Roberta Sampaio Guimarães, anthropologue spécialiste des conflits sociaux à Rio de Janeiro