Albert Ogien, sociologue, est l’auteur avec la philosophe Sandra Laugier de plusieurs livres sur la désobéissance civile. Après avoir déjà posé la question “Pourquoi désobéir en démocratie ?” (2011), il questionne dans son dernier ouvrage “Le principe démocratie“, disponible aux éditions La Découverte, les nouvelles formes du politique.

Avec Albert Ogien, on évoque le principe même de la désobéissance civile, sa portée, ses limites. On se penche aussi sur le rôle grandissant de la société civile dans une société où la représentation politique est en crise. Agir en son nom propre au cœur d’une action collective, non-violente, qui manifeste un refus : voilà la forme que prend la désobéissance civile. Un concept théorisé par Henry David Thoreau, philosophe et poète américain du XIXème siècle dont les écrits réinjectent continuellement dans le débat public la question “Que faire lorsque la légalité n’est pas respectée ou est injuste ?”.

Vendredi 19 avril 2019, les associations et ONG écologistes, telles que Greenpeace, ANV-COP21 et Alternatiba, s’en emparent largement pour mener leur action “Bloquons la République des pollueurs”, point d’orgue de la Semaine internationale de la rébellion. Cette vaste mobilisation, préparée depuis plusieurs mois par des formations auprès des militant.es, tend à la désobéissance de masse pour refuser l’influence des lobbies les plus polluants sur le pouvoir macronien.

“On ne fuit pas, on ne se dérobe pas à la police et à la justice […] La sanction fait rejaillir l’intérêt du public pour un sujet” précise Albert Ogien. Un principe bien compris par le mouvement anglais Extinction Rebellion, qui jouit d’une notoriété toujours plus grande depuis le mois d’octobre. Leur méthode ? Des actions de blocages des axes de transports au cœur de Londres. Les militant.es rebelles se disent prêt.es à aller en prison au nom de la lutte climatique. Leur but: faire dérailler la machine judiciaire, grâce aux arrestations massives.

Les organisations françaises reconnaissent que les Marches Climat ne peuvent être suffisantes face à l’urgence climatique. De là à verser dans l’illégalité militante ? Les cas d’arrestations se multiplient de fait, comme lors d’actions de décrochages des portraits d’Emmanuel Macron.Une façon de rappeler que le curseur de l’illégalité est posé par l’Etat. Reste à voir si ce cadre permettra “la plus grande mobilisation de désobéissance”. Un espoir caressé par les organisateur.trices.