Nous ne bougerons pas ! Les 8, 9 et 10 mars prochains, des Gilets Jaunes réunis autour de Priscillia Ludosky et le mouvement écologiste Alternatiba appellent à un “acte décisif”. Leur objectif : trois jours de sit-in sur une place parisienne. Une convergence inédite entre mouvement social et justice climatique.

Lundi 25 février, 13ème arrondissement de Paris. Devant une centaine de personnes et plusieurs dizaines de journalistes, Priscillia Ludosky des Gilets Jaunes Union IDF et la page La France en colère, Maxime Souque de la plateforme Le Vrai Débat et Pauline Boyer porte parole d’Alternatiba présentent “l’Acte décisif”. Une action “différente” estime Pauline Boyer, pensée pour “demander des comptes” au gouvernement.

L’Acte Décisif pour demander des comptes au gouvernement.

L’idée est d’organiser un sit-in de plusieurs jours sur une place afin d’amener les ronds-points au cœur de Paris. Un “acte décisif” les 8, 9 et 10 mars. “Amenez tout ce que vous pouvez comme matériel non-dangereux. Pour se réchauffer. Des denrées pour qu’on tienne tout le weekend, jour et nuit”, détaille dans un sourire Priscillia Ludovsky, l’une des principales figures médiatiques du mouvement Gilets Jaunes. 

Toutes celles et ceux “qui luttent pour la justice climatique et sociale” sont convié.e.s à se rassembler et à ne partir que lorsque le gouvernement aura fait un geste ou pris des engagements forts sur trois points. Tout d’abord “une baisse sérieuse de toutes les taxes et impôts sur les produits et services de première nécessité, avec un effort supplémentaire sur les produits bio, fabriqués en France ainsi que les produits recyclés”. Les Gilets Jaunes réclament également la mise en place du Référendum d’Initiative Commune (RIC) ainsi qu’une mesure symbolique sur “la baisse des rentes, salaires, privilèges et retraites courantes et futures” des élus et haut fonctionnaires.

Pour organiser l’événement, plusieurs collectifs et organismes ont proposé leur aide. Une assemblée générale de Street Medic s’est tenue à Paris le mercredi 27 février pour préparer leur participation à l’évènement. Le collectif Démocratie Ouverte a également proposé ses services pour organiser une assemblée de personne tirées au sort lors de ce weekend. Enfin, Priscillia Ludosky a présenté différentes listes d’organisation pour l’appui logistique, la sécurité, l’hébergement ou encore le covoiturage sur lesquels les participants à la conférence pouvaient s’inscrire.

Conférence de presse des Gilets Jaunes et d’Alternatiba le 25 février à Paris. pour annoncée “l’acte décisif”. Photographie : Etienne Gratianette pour Radio Parleur

Fin du monde, fin du mois, même combat

“L’exécutif, espérant faire taire le mouvement, a tenté d’opposer les Gilets Jaunes aux différents corps et structures de défense de l’environnement “, regrette Priscillia Ludosky. A ces yeux, les revendications de ces deux groupes sont pourtant parfaitement compatibles. Des Gilets Jaunes et plusieurs associations militantes (Alternatiba, ANV COP21, la FNH, le Réseau Action Climat et le WWF) pour le climat vont d’ailleurs proposer une “contribution climat jaune et verte, chiffrée par une économiste”. Cette nouvelle proposition fiscale qui taxerait la pollution et financerait la transition écologique n’oublie pas la question sociale et propose de redistribuer une partie des taxes perçues aux personnes à faibles revenus.

C’est également une convergence sur le terrain que proposent les intervenants durant cette conférence de presse. Au micro, Pauline Boyer, porte-parole d’Alternatiba appelle les militants pour le climat à “rejoindre l’action de sit-in non-violente des Gilets Jaunes du weekend du 8, 9 et 10 mars” et invite ces dernier à prêter main forte aux grèves des étudiant.e.s et lycéen.ne.s du vendredi ainsi qu’aux grandes marches prévue le 16 mars pour le climat. “On a besoin d’être de plus en plus nombreux à la fois dans les marches et dans les actions de désobéissance civile pour faire monter le rapport de force “, assure Pauline Boyer.

Un mois de mars, en jaune et vert ?

Sur les réseaux sociaux, une partie des Gilets Jaunes se montre sceptique face à cette convergence par peur d’une récupération. Certains se demandent s’il est utile de lutter en France alors que d’autres pays semblent polluer plus. La conférence se poursuit ainsi à travers les échanges entre la tribune et le public. À la fin, la plupart s’accordent à dire qu’il ne faut pas opposer la fin du monde et les fins de mois, déplorant la “vaste hypocrisie”  du gouvernement à propos de la justice fiscale et sociale.

Ce mois de mars va-t-il réellement lancer la convergence entre les Gilets Jaunes et le mouvement climat ? Cette proposition d’occupation rappelle le mouvement Nuit Debout né sur la place de la République au printemps 2016. Peut-elle mobiliser suffisamment pour occuper durablement une place ? Les rendez-vous sont pris et le printemps qui s’annonce promet de faire la part belle au jaune et au vert.

 Un reportage réalisé par Etienne Gratianette